Un monument du réalisateur camerounais, vainqueur de l’Etalon de Yennenga en 1976, se dresse désormais au cœur de la Place des cinéastes à Ouagadougou.
L’édifice en bronze se dresse fièrement sur la célèbre place des cinéastes de Ouagadougou, entre ceux du Sénégalais Sembene Ousmane et du Malien Souleymane Cissé. L’honneur est immense pour le cinéaste, unique lauréat camerounais jusque-là de l’Etalon d’or de Yennenga décerné au Fespaco.
C’est son film « Muna Muto », entendez « le fils de l’autre » qui lui concède depuis tout ce temps une notoriété certaine dans le monde du cinéma africain. C’était en 1976, même si depuis il a eu d’autres films : « Le prix de la liberté » ou encore « Badiaga ».
« Muna Muto », c’est l’histoire de Ngando, un jeune homme orphelin, pauvre et sans revenus. La vingtaine à peine vingtaine, il se lie d’amour et d’amitié pour une jeune fille d’un village voisin, Ndomie. Le père de celle-ci, lui rappelle alors qu’il doit s’acquitter de la dot avant de la prendre pour épouse.
C’est alors qu’il fait appel à son oncle Mbongo, héritier de son père défunt, afin que ce dernier lui vienne en aide. Malheureusement, ce polygame sans enfants de 4 épouses, dont la mère de Ngando, nourrit l’espoir d’être parent. Et c’est sans hésitation qu’il convoitera et obtiendra la jeune Ndomie en noces, alors que celle-ci attends un enfant de Ngando.
Ils étaient nombreux à se lever dimanche de bonne heure à Ouagadougou pour vivre cet instant solennel, au pied du mythique monument vert et orange érigé en 1987 au centre de la capitale du cinéma africain.
Parmi ce beau monde, indique Cameroon Tribune, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala, Fritz Ntone Ntone, le maire de Douala 1er, Lengue Malapa, le maire de Ouagadougou, Armand Bewende, et des centaines de figures du 7e art africain et camerounais : Bassek Ba Kobhio, Jean-Pierre Bekolo, Jean-Marie Teno, Jean Roke Patoudem, Gérard Essomba…
Le dévoilement de la statue de Dikongue Pipa était précédé de la traditionnelle cérémonie de libation, organisée à chaque Fespaco pour rendre hommage à tous ceux qui ont tant fait pour le cinéma africain. Main dans la main, les invités ont exécuté en cercle une procession autour du monument des cinéastes. Des témoignages d’anciens ont ensuite rappelé à la jeune génération les victoires remportées et les défaites essuyées.
« Le Fespaco est né juste en face de ce lieu, au Centre culturel photovoltaïque », a révélé la Burkinabé Alimata Salambere, membre fondateur du Fespaco, intervenant à la suite d’un autre pionnier, l'ivoirien Timité Bassori, pour souligner le symbolisme de cette place des cinéastes. Quand le voile blanc et le drapeau du Cameroun sont enfin levés de la forme de bronze, les applaudissements et les hourras se font entendre.
Dikongue Pipa est dans la mémoire. Un rêve que Marie Christine Whassom, présidente fondatrice de Cordia Prod, porteuse de ce projet, a su mener jusqu'au bout. Elle a déclaré : « Cela n’a pas été facile. Il nous a fallu deux ans de combat acharné. Nous voulions le faire pendant le cinquantenaire. Nous avons réussi, et je suis très fière ».
Otric N.