Les recherches se poursuivent dans le nord-ouest du Cameroun pour tenter de retrouver les 82 personnes, dont 79 élèves, enlevées lundi matin à Bamenda. Les autorités ont renforcé les contrôles sur les routes et limité la circulation dans la zone où les faits se sont produits.
Soixante-dix-neuf élèves ont été enlevés lundi dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, le plus important kidnapping dans cette zone anglophone depuis le début du conflit entre des séparatistes et l'armée, à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya.
Ce type d'enlèvement de masse d'élèves est sans précédent au Cameroun. Il est pratiqué dans le nord du Nigeria voisin par le groupe jihadiste Boko Haram, comme à Chibok où plus de 200 jeunes filles avaient été enlevées dans leur internat en 2014, suscitant l'indignation du monde entier.
En réaction, Samira Daoud, directrice adjointe du programme Afrique de l’Ouest et Afrique centrale à Amnesty International, a déclaré: «Ces enlèvements effroyables montrent que c’est la population qui paie le plus lourd tribut du fait de l’escalade des violences dans la région anglophone. L’enlèvement d’élèves et d’enseignant·e·s ne saurait se justifier. Il faut que les responsables de ces agissements relâchent les victimes immédiatement».
La circulation dans la région anglophone du Nord-Ouest du Cameroun a été restreinte mardi par les autorités alors que les recherches se poursuivaient pour retrouver 82 personnes, dont 79 élèves. «Avec effet à date de la signature du présent décret, les mouvements de véhicules (...) d'un département à l'autre de la région du Nord-Ouest sont suspendus jusqu'à nouvel ordre», a décrété le gouverneur du Nord-Ouest Adolphe Lele Lafrique Tchoffo Deben.
«Nous exprimons notre solidarité envers les familles de ces enfants et demandons aux autorités camerounaises de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que tous les élèves et le personnel scolaire soient libérés sains et saufs. Cette affaire fait tristement écho à celle des lycéennes enlevées à Chibok (Nigeria) en 2014 et il est crucial que l’État camerounais agisse de manière rapide et décisive afin que les enfants retrouvent leurs proches», a fait savoir Samira Daoud.
Les séparatistes ont décrété un boycott des établissements scolaires, estimant que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones. Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016, qui s'est transformée fin 2017 en conflit armé. Des affrontements entre armée et séparatistes, agissant en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois.
Dans son discours d’investiture ce mardi, Paul Biya a invité les sécessionnistes à «déposer les armes». «A ces entrepreneurs de guerre, qui mettent à mal notre unité nationale et prônent la sécession, il faut qu’ils sachent qu’ils se heurteront non seulement à la rigueur de la loi, mais aussi à la détermination de nos forces de défense et de sécurité», a promis le chef de l’Etat réélu pour un septième mandat.
Otric N.