La presse panafricaine a décerné ce dimanche 17 mars 2019, au salon du livre de Paris le prix du meilleur auteur africain catégorie femme à l'écrivaine camerounaise Djaili Amadou Amal pour son roman "Munyal ; les larmes de la patience".
Le palmarès a été dévoilé ce dimanche 17 mars dernier sur le podium du pavillon Ile de France du Salon Livre Paris. Ainsi, après l'auteur gabonaise Honorine Ngou, auteure-éditrice à Libreville au Gabon, distinguée en 2018, c’est au tour de la sahélienne Djaïli Amadou Amal de recevoir ce prix prestigieux.
Dans le même temps a été saluée la mémoire de Bernard Dadié dont la plume s’est arrêtée le 09 mars 2019. Il restera le père de la littérature ivoirienne moderne. La particularité de ce prix littéraire, créé en 2018, est qu’il attribué par un jury exclusivement constitué de journalistes originaires de l’Afrique subsaharienne.
Biographie de l’auteur
Djaïli Amadou Amal entreprend des études supérieures en gestion commerciale. Mariée à dix-sept ans dans le cadre d'un mariage arrangé, Djaïli a connu tout ce qui rend si difficile la vie des femmes du Sahel.
« Dans tout ce que je fais, j'essaie surtout de parler des discriminations faites aux femmes ; c'est mon cheval de bataille. La presse camerounaise m'a même surnommée la "Voix des sans voix" ». Djaïli Amadou Amal dénonce les pesanteurs sociales liées aux traditions et aux religions.
À travers l'écriture elle dénonce en somme les problèmes sociaux de sa région, notamment les discriminations faites aux femmes, mais promeut aussi la culture peuple. Elle est reconnue comme étant la première femme écrivaine du Septentrion camerounais. Son premier roman Walaande ; l'art de partager un mari, paru en 2010, lui conféra une renommée immédiate. C'est un témoignage au biographique car il a été écrit par une femme qui a vécu cette situation de l'intérieur.
« Quand tu entres dans une famille polygamique, tu dois être aveugle et sourde. Que tes yeux ne voient rien, tes oreilles n'entendent rien, ta bouche ne dise rien ». Le Prix du jury de la Fondation Prince de Claus à Paris, obtenu dans la foulée de sa parution, a valu à l'ouvrage d'être traduit en langue arabe et diffusé dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient .
En 2012, au lendemain de son retour des États-Unis d'Amérique où elle a pris part à un programme du Gouvernement américain, International Visitor Leadership Program(IVLP) axé sur la Société civile et les femmes leaders aux États-Unis, elle créa l'Association Femmes du Sahel soutenue par l'Ambassade des États-Unis au Cameroun. La même année elle est l'invitée du Salon du livre de Paris où elle effectuera un passage très remarqué. Son deuxième roman, Mistiriijo ; la mangeuse d'âmes, paru en 2013, confirme le talent de la romancière.
En août 2016, un décret du Ministre des Arts et de la Culture l'intègre au Comité d'Organisation du Festival national des arts et de la culture (FENAC), qui se tiendra à Yaoundé au mois de novembre de la même année. À l'occasion de cet événement, lors de la cérémonie d'ouverture, elle recevra la haute distinction de Chevalier de l'Ordre de la Valeur, actée par le décret du Chef de l’État camerounais, Son Excellence Paul Biya.
L'année suivante, elle sera élue au Conseil d'Administration de la SOCILADRA (Société Civile des droits d'auteurs de la Littérature et des Arts Dramatiques).
Son troisième roman, Munyal ; les larmes de la patience, paraît en septembre 2017, la classant définitivement parmi les valeurs sûres de la littérature africaine, et une des plus importantes écrivaines peules de l'histoire.
Djaïli Amadou Amal est mariée à Hamadou Baba, un ingénieur également issu de la région septentrionale du Cameroun, et écrivain sous le pseudonyme de Badiadji Horrétowdo.
Félix Swaboka