Les responsables prennent comme prétexte, le fait qu’il est interdit aux élèves de venir avec des « pieds nus » pour leur arracher de l’argent
La scène se déroule à l’entrée du lycée d’Elig Essono, au milieu de cette semaine. Alors que les enfants sont entrain de faire les épreuves de la deuxième séquence, certains élèves sont à l’entrée du portail. Il leur est interdit d’accéder à l’enceinte de l’établissement, parce que les chaussures portées ne répondent pas aux règles mises en place dans cet établissement.
Certains parents font le déplacement, soucieux de l’avenir de leurs enfants et demandent que les personnes chargées de l’entrée des enfants leur accordent le droit de composer et que les dispositions seront désormais prises pour qu’ils se conforment désormais. Malgré le ton conciliant qu’ils utilisent, c’est un « non » catégorique qui leur est opposé avec en plus « La loi est la loi, il faut se conformer… ». La dame qui affiche cette attitude fait comprendre à la dame qui est devant elle que tous les élèves qui sont à l’entrée de cet établissement ont été invités à se déchausser s’ils veulent composer jusqu’au bout. Comprenant qu’elle ne parviendra pas à faire fléchir l’enseignante, elle se plie à la volonté de cette dernière et demande que son enfant aille en classe, en abandonnant ses chaussures au portail.
Malheureusement, les règles établies, la morale de cette dame et de ses collaborateurs qui contribuent à faire prospérer leur arnaque a des limites. Lorsqu’à la fin de la journée des classes, les enfants veulent récupérer leurs souliers, l’un des gardiens en service dans cet établissement, exige d’eux qu’ils lui remettent de l’argent, sinon ils vont rentrer chez eux, pieds nus. Les pieds pleins de blessures et ensanglantés parce qu’ils ont dû marcher sur des cailloux disséminés sur la cour, les pleurs et les supplications continuent, mais rien. Le gardien reste ferme dans sa posture « Pas d’argent, pas de chaussures ». Certains élèves, notamment les plus petits donnent tout ce qu’ils ont. Les quelques francs que les parents leur ont remis soit pour la semaine, soit pour le taxi retour. Le dénommé Didier arrache tout à ces innocents.
Et cela se fait au vu et su de tous. Il n’est plus question d’opposer d’un ton docte « Cet établissement a des règles, que tous doivent respecter, la loi c’est la loi ».
Il est tout de même incompréhensible que dans un établissement sensé enseigner la morale, les valeurs républicaines, l’éthique, un lycée public qui a entre ses mains, l’avenir de milliers de camerounais, l’on se permette d’avoir ce genre de comportement, juste à cause des chaussures. Les parents sont en droit de s’interroger sur la qualité des personnes qui encadrent leurs enfants, qu’est ce qui leur est inculqué comme enseignement ? Comment peut – on dire à un enfant que la corruption est un fléau qu’il est important de combattre ? Comment peut – on apprendre à un enfant, le respect des règles si on est adepte de l’achat des consciences ? Ces interrogations et bien d’autres taraudent l’esprit des parents dont les enfants ont été victimes de cette arnaque.
Nicole Ricci Minyem