Huit mois après son arrivée à la tête de cette commune d’Arrondissement, Tjock Sylvain Moïse a accepté de nous accorder un entretien au cours duquel de nombreux sujets ont été évoqués, notamment celui lié à la mise en œuvre effective de la Décentralisation…
Monsieur le Maire, vous avez fait part de votre étonnement, après avoir lu la décision prise par le ministre de la Décentralisation et du Développement local par rapport à la dotation générale de la décentralisation, volet investissement. Vous avez alors utilisé le terme chantage ?
Le Ministre se comporte comme qu’il s’agissait d’une simple aumône personnelle qu’il accordait aux communes. Conditionner ce fonds par la production des projets bien maturés alors qu’il sait que les communes ne disposent ni de compétences, ni de moyen suffisant pour la maturation de leur projet relève du chantage.
- Selon vous, comment les choses devraient-elles être faites ?
Les 100 millions en question devraient aussi servir pour la maturation des projets. Surtout quand on sait que les sectoriels censés accompagner les commune dans ce sens se meuvent en véritable cabinet réclamant des sommes faramineuses.
- Parti sur ces bases, pensez-vous que la Décentralisation, telle qu'elle est écrite dans les textes, pourra être implémentée au Cameroun dans un proche avenir ?
Si en 2021 on continue à servir sous conditions des miettes aux CTDs pour l’investissement, les camerounais devront continuer à attendre avant de voir une décentralisation effective. Il n’y a pas transfert de compétence sans transfert des moyens qui vont avec. En d’autres termes une compétence ne sert à rien si on n’a pas les moyens pour l’exercer.
- Parlons maintenant des projets au sein de la Commune d'Eséka. Vous en êtes à quel niveau ?
Certains de nos projets ont trouvé des accords de financement. Nous sommes juste à la phase de maturation pour l’effectivité de leurs mises en œuvre. Nos blocages viennent principalement du manque de collaboration de certains sectoriels tels que les DD MINDDEVEL et MINEPAT, ainsi que de la prise de position du représentant de l’Etat qui refusent toujours de valider certains documents comme les délibérations et comptes de 2019, ainsi que de notre faible capacité financière.
- Y a t-il blocages? Si oui, à quel niveau?
Nous faisons recours à certains bailleurs de fonds pour nous accompagner dans la maturation de nos projets, ainsi qu’à certains cabinets amis qui nous offrent gratuitement leur service. Mais ce n’est pas évident.
- Monsieur le maire, quels sont les rapports que vous entretenez avec les autorités administratives d'Eseka?
Ce n’est pas la lune de miel avec certaines autorités administratives. Vous savez, il y a sur le terrain des autorités qui voudraient continuer à exercer des compétences transférer par leur ministère aux communes. Et dès lors que le Maire s’y oppose, ils déclenchent alors un bras de fer. Et comme ils sont tous solidaires entre eux, le Maire devient seul contre tous.
- Avez-vous à un moment donné, eu le pressentiment que certains ne veulent pas vous voir atteindre les objectifs que vous vous êtes fixé ?
En effet. On dirait que tout est fait par les sectoriels cités ci-dessus à Eséka pour faire échouer le Maire et donc le PCRN.
- Autre chose à ajouter?
Le code général de la décentralisation est une loi votée pour résoudre les crises qui secouent le Cameroun de puis 2008. Il vise principalement à améliorer le cadre et les conditions de vie des camerounais au niveau local. Alors il faudrait que le gouvernement veille à la stricte application complète et immédiate de cette loi que certains hauts fonctionnaires torpillent dans leur intérêt égoïste.
Entretien mené par Nicole Ricci Minyem