Elu pour un nouveau mandat, le Chef de l’Etat camerounais qui rempile pour la 7ème fois, a de nombreux défis à relever, notamment dans les domaines liés à la politique et à la sécurité.
Après avoir rempli certaines des promesses faites après sa réélection le 9 octobre 2011, avec la mise en place du Senat, du Conseil Constitutionnel qui a d’ailleurs fait ses preuves il y’a quelques heures, il n’en demeure pas moins que les défis à relever sont encore nombreux.
La lutte contre la corruption
Ce fléau constitue encore et toujours, un véritable problème de morale publique. Malgré les institutions mises en place, comme la Commission nationale de lutte anti-corruption pour ne citer que cet exemple, la société camerounaise semble incapable de se défaire ou alors de combattre, la fraude, les détournements de deniers publics, les trafics d’influence et autres qui continuent de miner les fondations dans ce pays dirigé depuis 36 ans par le Président Paul Biya.
La corruption continue d’opérer dans notre pays dans un contexte qui lui demeure fortement favorable. Certaines statistiques officieuses indiquent que certains cas apparaissent avec une fréquence plus grande là où le fonctionnaire dispose de pouvoirs largement discrétionnaires. Elle s’accompagne avec l’exercice abusif de l’autorité. L’agent public dispose de son « pouvoir » pour parvenir à ses fins, de manière illégitime. Les autres secteurs où s’épanouit la corruption sont ceux où l’Etat et les entreprises privées nouent des relations commerciales contractuelles. Les marchés publics en sont le domaine par excellence, ce qui par parenthèse, invalide la thèse néolibérale selon laquelle, la corruption étant liée à la réglementation, il suffirait de déréguler, pour en éliminer la cause principale. Au vu de ce qui précède et de bien d’autres exemples, on est en droit de se poser la question de savoir si la corruption au Cameroun est un phénomène pathologique.
Et le président Paul Biya est invité à apporter une réponse concrète et convaincante à cette question, au moment où il parle des grandes opportunités. D’autant plus que c’est de la corruption que découlent les maux cités plus haut : fraude, détournement de deniers publics, trafic d’influence…
Dans sa profession de foi, le candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais a, entre autres mentionné
L’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes
L’accélération du marché national vers l’émergence du Cameroun
Le renforcement de l’innovation
Le renforcement de la lutte contre l’exclusion
L’accroissement du rôle des femmes et des jeunes
La mise en place de la décentralisation et, pour ce dernier cas, les camerounais espèrent que la tenue des élections régionale en 2019, en même temps que les législatives et les municipales va permettre aux populations de vivre de façon plus concrète, cette nouvelle approche politique.
Défis sécuritaires
Auxquels on adjoint la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement camerounais, depuis un peu plus de 5 ans, a été obligé de revoir sa politique sécuritaire, afin d’intégrer la défense de l’intégrité territoriale. Attaqué de toute part, d’abord par la secte terroriste boko haram, puis par la séléka et depuis deux ans, par des agresseurs qui affirment être des « ambazoniens ».
Des attaques qui semblent trouver leur raison d’être dans la mal gouvernance. Cette dernière se situe à la fois au niveau politique, économique et sécuritaire. La mauvaise gestion des affaires publiques est un élément causal des conflits. Le manque de bonne gouvernance, la dégradation de la situation sécuritaire constituent aussi les soubassements des guerres qui secouent les pays, partageant les mêmes frontières avec le Cameroun. Et que dire des raisons évoquées par ceux qui se sont engagés à maintenir un climat délétère dans les régions du Nord et du Sud-Ouest Cameroun ?
L’actualité nous impose par ailleurs de relever les conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections qui vont prendre fin avec la prestation de serment de Paul Biya, dans quelques semaines. L’on a vu des villes fortement militarisées, certains ont parlé d’arrestations. Quid des menaces envoyées par des personnes qui refusent d’accepter les résultats lus par le conseil constitutionnel.
Le relèvement des défis politiques, économiques et socio-culturels actuels et futurs et, la mise en commun des ressources des camerounais dans le respect de leurs diversités en vue d'une expansion rapide et optimale de la capacité de production de ce pays ne sont et ne seront effectifs que dans un climat de paix, de sécurité et de stabilité. Il est donc important pour le Président ancien et nouvellement élu, de s’y atteler avec passion, afin que les camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, se sentent en phase avec son septennat des grandes opportunités.
Nicole Ricci Minyem