Depuis sa dernière sortie, au cours de laquelle la diva camerounaise a eu le malheur de se prononcer sur la situation politique du Cameroun, Charlotte Dipanda est dans les petits cahiers des politiciens fidèles au régime de Yaoundé qui l’ont désormais rangé dans le camp des ennemis de la Nation, juste derrière Richard Bona.
La virulence de la vérité dite par Charlotte Dipanda n’a d’égale que l’élégance et la douceur de sa voix qui charme et envoûte depuis quelques décennies maintenant les amoureux de la bonne musique. Jusqu’ici, Charlotte Dipanda avait su garder sa virginité idéologique quant aux questions politiques qui font l’actualité au Cameroun.
Même à la veille de l’élection présidentielle, à l’époque des attaques des membres de la B.A.S. à l’endroit de certains artistes camerounais, il n’était venu à l’esprit de personne que Charlotte Dipanda soit mêlée dans ces joutes artistico – politiques. Tant le chantre de l’amour et des douceurs suaves de la vie faisait tout pour se construire une carapace de paradis qui lui permettait de poursuivre ses spectacles, là où ses aînées comme Ben Decca et K-Tino était interdit de séjour.
Hélas ! L’immaculée vient de salir sa belle robe. Pour avoir dit sur La Voix de l’Amérique que le pouvoir de Yaoundé doit passer la main, l’artiste se dévoile. Elle aussi a une opinion politique. Elle vient de tomber du paradis. Depuis quelques heures, son nom est mêlé à la boue de la politique politicienne.
Celle qui hier rassemblait par son hymne de « Coucou », aujourd’hui voit sa parole déchirée entre partisans du régime d’Etoudi et pourfendeurs de Paul Biya et son système. Au point où son nom est mêlé au sang de certains damnés comme Richard Bona, Longue Longue et autres qui ont choisi de dire leur colère quant à la manière dont le pays est géré. Mais pourquoi la Belle Charlotte a-t-elle fait ce glissement ?
Désormais, celle dont le sourire émerveille toujours tous ceux qui s’hasardent à laisser leur regard s’arrêter sur son visage d’ange, devra choisir : la haïr ou la bénir. Manifestement les pro BIYA et les pro Kamto ont fait leur choix. Les premiers condamnent et lui rappellent qu’elle aurait mieux fait de continuer à chanter au lieu de « dire n’importe quoi ». Les seconds reconnaissent en elle « une artiste proche du peuple et sensible aux peines de ses fans ».
Mais qu’a-t-elle à perdre ? Sinon, le risque de ne plus jamais être invité au Palais de l’Unité pour les festivités y organisées et empocher son cachet qui s’élève très souvent à quelques millions de nos francs. L’argent de ce régime à qui elle demande aujourd’hui de passer la main.
Stéphane NZESSEU