Il est environ 16h ce mardi quand les 18 activistes du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun sortent des geôles de la police judiciaire. Ils sont 15 hommes et 03 femmes. Enfin libre.
Après trois jours passés au noir, ces hommes et femmes, militants du MRC peuvent enfin voir leurs familles à nouveau. Il y en a qui ont besoin de soins médicaux, et d'autres simplement de s'alimenter.
Trois jours d'angoisse, de peur mais de triomphe. Malgré la fatigue, l'épuisement, ils sont nombreux qui arboraient un sourire en coin. Expression de joie. La joie d'avoir participer à mettre à rude épreuve les limites de la démocratie camerounaise.
Violation des droits humains...
Et pourtant ces camerounais voulaient simplement exprimer leur opinion sur l'actualité politique. Selon l'avocat du MRC, Maitre Emmanuel Sihm, rencontré ce matin à son cabinet à Yaoundé, par cet arrestation, le Cameroun viole lui même ses propres lois.
"je voudrais rappeler au monde entier que le Cameroun est parti membre des conventions internationales au niveau mondial qui prévoient les libertés des manifestations. Et la constitution camerounaise elle même réaffirme cette liberté de manifester, elle est actée dans les instruments juridiques aussi bien internationaux que nationaux. Mais le problème au Cameroun est que malgré la loi, malgré les conventions internationales ratifiées par le Cameroun, on ne peut jamais être à mesure de manifester."
En effet, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, qui fait partie du préambule de la Constitution stipule clairement en son article 10 "Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi". Et le problème, il est très souvent là. Qu'est-ce que l'ordre public et comment apprécié un trouble à l'ordre public ?
Le fait au Cameroun c'est que le trouble à l'ordre public est nourri de suspicion illégitime. Et l'exemple a été donné samedi dernier. Alors qu'un marche était brimée à Douala, une autre était filmée et encouragée dans le Nord du pays. Qu'est ce qui différenciait ces deux marches ? Le fait que la première, celle de Douala consistait en la protestation de la victoire de Paul Biya, tandis que celle de Garoua était une marche de soutien au Président de la République.
Toutefois, tout ceci n'est pas de nature à intimider ces militants. C'est ce que pense Thierry Biassi, membre de la cellule de communication du parti. " Je voudrais vous rassurer ,et rassurer les militants du Mrc ainsi que tous les Camerounais ,que ces arrestations ne sauront nous intimider. Nous avons lancé un programme de résistance et nous comptons continuer le combat pour la justice et pour la vérité".
Les manifestations contre le hold-up électoral démarré vendredi dernier comptent se poursuivre jusqu'au jour de la prestation de serment du Président Elu. Une campagne non violente, dont les principes se confondent aux idéaux du parti : pacifisme, constitutionnalité, légalité. Plus que déterminés, les activistes du MRC trouvent en ces arrestations répétées comme une source de remotivation. Les actes des forces de maintien de l'ordre semble raviver leur sentiment de vivre des injustices. Toute chose qui leur donne de se dire que leur cause est juste.
Stéphane Nzesseu