La décision est tombée ce 23 novembre, les élections municipales et régionales en Côte d'Ivoire ont été annulées dans deux communes et deux régions.
Au soir du mercredi 24 octobre, 102 recours avaient été déposés devant la chambre administrative de la Cour suprême. Quatre-vingt-quatre concernent l’élection municipale, dix-huit visent les régionales. Bien que ce chiffre soit élevé, il est inférieur à celui du dernier scrutin de 2013, durant lequel 187 recours avaient été instruits.
Par ailleurs, 43 autres ont été introduites dans les communes de Port Bouët (quartier populaire d’Abidjan) et de Lakota (sud-ouest) ». Les régionales à Lôh-Djiboua (sud-ouest) et dans le Guémon (ouest) ont également été annulées : « Les élections vont reprendre dans trois mois », s’est félicité le maire sortant de Lakota, Samy Merhy. La ville avait été le théâtre de violences qui ont fait un mort le 13 octobre, le jour du scrutin.
A Abobo, la victoire de Bakayoko n’est pas contestée
En revanche la requête en annulation du scrutin dans le grand quartier populaire d’Abobo, introduite par la candidat indépendant Tehfour Koné, a été « rejetée ». Le ministre ivoirien de la Défense Hamed Bakayoko, un proche du président ivoirien Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur dans cette commune.
Ailleurs, des centaines de requêtes venues des municipalités et des régions ont été déposées. Les électeurs évoquent le cas de nombreuses fraudes et même des pertes en vies humaines. C’est le cas des 92 communes remportées par la coalition au pouvoir (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix – RHDP).
D’autres sources indiquent que c’est le RHDP qui a contesté le plus grand nombre de résultats avec 24 recours (23 pour les municipales et 1 pour les régionales dans le Haut-Sassandra). Le PDCI en a déposé seulement 9 dont 3 pour les régionales (Lôh-Djiboua, Moronou et Gontougo) et 6 pour les municipales (Koumassi, Grand-Bassam, Attécoubé, Bonon, Tiebissou et Port-Bouët).
Dans la dernière municipalité citée, le parti d’Henri Konan Bédié contredit la décision de la Commission électorale indépendante d’annuler le scrutin. La CEI a pris la même décision dans la région du Guémon. Une nouvelle élection doit s’y tenir dans un délai de 30 jours. La Commission électorale va proposer une nouvelle date après le verdict de la Cour suprême, au cas où d’autres résultats venaient à être invalidés. L’on se souvient que les résultats proclamés le 15 octobre dernier donnaient une large avance au RHDP, avec 18 conseils régionaux et 92 mairies, contre 6 conseils régionaux et 50 mairies pour le PDCI. Les candidats indépendants avaient remporté de leur côté 3 conseils régionaux et 56 communes. Et pourtant, nombreux parmi eux ont décidé de remettre leur victoire au RDHP ou au PDCI. D’autres coalitions se sont formées. D’abord le 24 octobre et puis le 26 du même mois, certains ont rejoint la mouvance présidentielle. Le PDCI a de son côté annoncé avoir obtenu le ralliement de 3 maires et 2 présidents de région.
Nicole Ricci Minyem