Au cours de son adresse à la nation le 31 décembre dernier, le président de la République a transmis nombre de messages subliminaux au camerounais.
Dès les premiers mots du Chef de l'État, l'on perçoit très bien que Paul Biya ouvre son discours en faisant le bilan de tout son parcours au sommet de l'État. Avant de devenir l'homme du renouveau de 82 puis de 85, il aura été un serviteur loyal des gouvernements Ahidjo. En évoquant la trajectoire de la nation depuis les indépendances, Paul Biya dresse le bilan des 50 ans de l'économie, de la démocratie et de la situation sécuritaire du pays.
Est ce un discours d'aurevoir ?
Paul Biya endosse la responsabilité des succès et des nombreux échecs dans le développement du Cameroun. Dans son discours, il avait un triple défis : édifier les institutions démocratiques, établir la sécurité sur l'ensemble du territoire et mettre sur pied un système économique moderne conforme à l'intérêt national.
Il reconnaît que pour ce qui de l'exercice de création d'un modèle de démocratie au Cameroun, le pari est réussi. Ce qui n'est pas le cas pour les questions sécuritaires et économiques. La sécurité est fortement mis à mal par des forces endogènes et exogènes. Notamment, cette crise qui perdure dans les zones anglophones et dont les conséquences sont fortement dommageables pour l'équilibre de la Nation. Mais aussi, les attaques extérieures par les terroristes de Boko Haram dans le septentrion camerounais. Et sur le plan économique, Paul Biya fait savoir que les chantiers de la croissance sont en cours et qu'il est possible que les fruits soient disponibles pendant ce septennat des grandes opportunités.
Un parcours de 50 ans jalonnés de difficultés de l'ordre de la détérioration des termes de l'échange, la crise économique et financière des années 90, dont la conséquence principale a été le ralentissement de l'élan de croissance du Cameroun. Mais aussi, la baisse des cours du pétrole et des matières premières qui ont plombé la relance post point d'achèvement.
Ainsi présenté, il apparaît que le Chef de l'État dressait de la sorte son propre bilan. Le bilan des politiques mis en place depuis son entrée dans la haute administration jusqu'à ces derniers jours. En prennant sur lui les succès mais davantage les échecs des ces cinq décennies de gouvernance, Paul Biya veut créer une transition historique entre deux époques. Se positionnant résolument comme l'homme qui ouvrira une nouvelle ère pour le Cameroun. Et c'est en sens qu'on peut comprendre son propos d'entrée quand il dit que ce septennat pourrait être l'un des moments les plus importants de notre histoire depuis l'indépendance de notre pays.
Le Chef de l'État a annoncé le nouveau testament du Cameroun. La nouvelle orientation stratégique et politique dans laquelle devra s'inscrire notre pays pour entrer dans l'émergence tant souhaité, cet émergence qui est l'état de développement que tous les citoyens attendent de tous leurs vœux. Tél le laboureur qui parle à ses enfants, le Chef de l'État a interpellé la jeunesse à plus d'ardeur au travail. L'héritage est certain, reste aux citoyens de s'en saisir.
Stéphane Nzesseu