Dans son discours d’ouverture de la 3e session législative de l’année 2018, le président de l’Assemblée nationale n’a pas manqué de se prononcer sur l’actualité politique et de s’insurger «contre tout appel au désordre et à la division».
Dans une sortie au lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle 2018 par le Conseil constitutionnel Mgr Samuel Kleda, Archevêque métropolitain de la ville de Douala et président de la Conférence épiscopale nationale avait émis des réserves sur les scores engrangés par le candidat Paul Biya dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, estimant qu’ils ne pouvaient pas être vrais.
Le pouvoir de Yaoundé et plusieurs leaders d’opinions se sont aussitôt lever pour dénoncer une dérive de «l’homme de Dieu» qui s’immiscerait dans un domaine qui n’est pas le siens. Le président de l’Assemblée Nationale, Cavaye Yeguie Djibril, rame également dans ce sens.
«Autorités morales, les hommes d’Eglise en général et à mon sens, ont l’impérieux et sacré devoir de prôner la paix, l’unité, le vivre ensemble et non pas de semer les germes de la discorde. Ils ont l’impérieuse et sacrée mission, de véhiculer un message de rassemblement, d’apaisement, non pas d’inciter à la provocation et à l’affrontement», estime-t-il.
«Il leur incombe aussi, la mission d’enseigner et d’éduquer les adeptes des différentes confessions. Education à l’amour du prochain, à la tolérance, au respect des institutions, de ceux qui les incarnent, le respect en particulier de la volonté du peuple, car elle est la volonté de Dieu. Vox populi, vox Dei. Littéralement, la voix du peuple est la voix de Dieu», poursuit Cavaye Yeguie Djibril.
Toujours selon le président de l’Assemblée nationale, «c’est connu, tout pouvoir vient de Dieu. Violer un tant soit peu, la volonté du Peuple c’est surement renier soi-même sa qualité d’homme d’église, serviteur de Dieu. Que l’on soit Iman, Pasteur, Prêtre, Evêque, Archevêque ou Cardinal, mettre de l’huile sur le feu, ne vous honore point.
En tout état de cause, j’exhorte le Gouvernement à prendre ses responsabilités, afin de réprimer toute tentative de déstabilisation d’où qu’elle vienne, de circonscrire toutes velléités de désordre visant à compromettre le beau bilan électoral que nous célébrons aujourd’hui».
Paul Biya, le président réélu, prêtera serment le 6 novembre 2018. Élu le 7 octobre dernier avec 71,28 % des voix, prenant le dessus sur les sept autres candidats dont Maurice Kamto, deuxième avec 14,23 %, Paul Biya âgé de 85 ans, entame un septième mandat consécutif à la tête du Cameroun. Un pouvoir auquel il accède en 1982 suite à la démission d’Amadaou Ahidjo, premier président de la République.
Mais, la victoire de Paul Biya a beau avoir été « écrasante », elle semble souffrir d’un petit problème de légitimité. Tant l’opposition et des observateurs continuent de la contester en raison de « multiples fraudes et irrégularité ». Ce, malgré l‘évacuation du contentieux électoral par le Conseil constitutionnel qui avait rejeté toutes les 18 requêtes en annulation introduites par des candidats « lésés ».
Otric N.