C’est la substance d’une lettre adressée à ses compatriotes ressortissants des régions du Nord du Cameroun. L’homme d’affaire est ferme, le temps où on se moquait des populations du Grand Nord est révolu. Mohamadou BAYERO FADIL appelle les ressortissants de cette partie du Cameroun à se mettre ensemble, à fédérer leurs forces pour peser de tout leur poids sur le fonctionnement du pays.
L’enjeu, BAYERO FADIL le dit dès l’entame de son courrier, c’est le changement prochain à la tête du pouvoir de Yaoundé. Les militants RDPC et autres ressortissants du Grand Nord doivent se positionner pour gagner leur part du gâteau dans les luttes qui sont déjà en cours. « Si je m’adresse à vous en ce jour, c’est pour vous inviter à prendre ensemble conscience qu’un Cameroun nouveau est en train de se dessiner avec la décentralisation, véritable moteur et instigateur du développement local. Ce Cameroun que l’on souhaite inclusif, se construira avec celles des communautés qui auront su, par leur dynamisme et leur capacité à faire entendre et raisonner leur voix, se montrer utile à la construction de cet édifice. »
Dans cette période, BAYERO FADIL est conscient que la bataille est rude. Et qu’ils sont nombreux qui veulent la part du lion dans cette phase de transition à la tête du pouvoir. Il illustre bien cet idée en faisant savoir dans sa lettre que « le besoin d’exister des uns, peut être freiné par le désir empreint de revanche des autres à affirmer leur existence ». En des termes simples, les autres ne sont pas prêts à lâcher ce qu’ils ont déjà.
D’où cet appel à l’unité, emballé dans un vocabulaire doré d’une pincée de violence. Ce qui témoigne de l’état d’esprit dans lequel se trouve l’homme qui porte la revendication aujourd’hui :
« En ce qui nous concerne, en tant que filles et fils du Grand Nord Cameroun, l’époque du suivi moutonnier est révolue, car nous connaissons désormais nos valeurs et savons très bien, comment les promouvoir, à condition de le vouloir. Si hier encore, les ressortissants du Grand Nord servaient de bouche trous, ironisés et moqués comme des followers passifs, aujourd’hui, à l’heure du vivre ensemble, le moment est venu d’unir nos forces, afin d’obtenir la place et l’estime qui nous reviennent. Dans la vie, il y’a un temps pour toute chose, et cela ne sert à rien de jouer les trouble-fête, les agitateurs, alors que le contexte en appelle, je dirais même, exige la démonstration de puissance. Oui de cette puissance qui nous caractérise quand nous sommes ensemble, unis comme un seul homme, et mobilisés vers l’atteinte d’un idéal : celui de travailler pour le bien-être de nos ressortissants et partant, de toutes les camerounaises et camerounais. »
Mohamadou BAYERO FADIL poursuit en insistant sur le fait qu’il faut ravaler ses égos surdimensionnés pour bâtir une unité qui fasse le poids face à l’adversité à venir. Il met encore en avant le faible nombre des ressortissants du septentrion dans les administrations et dans les institutions de l’Etat et pourtant, c’est la partie du Cameroun la plus peuplée, et qui participe à un niveau important à la construction du PIB national.
« Mesdames et Messieurs, chers frères et sœurs ressortissants du Grand Nord, ne nous leurrons pas, il n’est point de développement possible dans la dispersion et l’agitation qui nous ont très souvent caractérisés, alimenté par des égos surdimensionnés adossés parfois sur des querelles de cochets, dénuées de toute pertinence.
Autant être tout de suite franc, si tous les ressortissants du Grand Nord, sans distinction de chapelle, ne peuvent pas constituer une nouvelle et Grande force transpartisane et agissante, seule capable d’entretenir, de nourrir et de garantir le plein épanouissement de sa communauté et de toute la République, autant mieux suivre la musique tout simplement.
Mesdames et Messieurs, chers frères et sœurs ressortissants du Grand Nord, les chiffres sont là, ceux de nos ressortissants présents dans les administrations et institutions diverses. Ils témoignent éloquemment du potentiel que nous recelons et qui ne demande qu’à être capitalisé, dans un cadre inclusif global et inédit, adapté aux nombreux défis du Cameroun nouveau qui prend progressivement corps. »
Stéphane NZESSEU