Le déroulement de la campagne électorale pour les législatives montre combien les candidats sont mal outillés sur les réalités de la fonction de député de la Nation au Cameroun. Le contenu des propositions des candidats témoigne de cette ignorance, mais davantage de la complexité qu’il existe pour les candidats de briguer au niveau local, un mandat national.
Le mandat de représentant du peuple est un mandat impératif. En d’autres termes, le député est le député de la Nation entière. Ce qui implique qu’un camerounais désigné à Wouri Est, dès qu’il accède à la mandature, devient de fait le représentant des populations de Guider, Mbouda, Lebialem et du reste du Cameroun. Malheureusement, cette réalité de droit n’est pas assez imprégnée dans l’esprit de la plupart des candidats en course pour la députation. Qu’est-ce qu’on constate au cours de la campagne ?
Le candidat à la députation du RDPC à Wouri Centre doit tirer son mandat de cette circonscription. Alors, il doit aller vers ces populations les convaincre de ce qu’il est le meilleur candidat. Il va donc rédiger et proposer un programme politique en direction desdites populations. Or, ces populations ne vivent pas les mêmes réalités. Comment briguer un mandat national à partir de Wouri Centre ? D’où la complexité de la démarche des candidats. En effet, les candidats croient qu’il est nécessaire de promettre aux populations qu’ils vont construire des routes, mettre sur pied des industries, aménager les conditions de vie desdites populations. Or ce n’est en aucune manière le rôle d’un député de la Nation.
Le député au sein de la Chambre basse du Parlement a essentiellement deux missions : Voter des lois, et contrôler l’action du gouvernement. Même si le Cameroun met à la disposition des parlementaires ce qu’on a appelé des micros projets parlementaires. Il s’agit d’un financement de 6.300.000 fcfa remis à chaque parlementaire. Comment serait-ce possible pour un député d’opérer des miracles avec une telle somme d’argent obtenu annuellement ? Que dire finalement aux populations d’une localité précise pour obtenir leur suffrage sans tomber sous le coup de la démagogie ? Bien difficile.
Mais, il y en a qui y parviennent. Ceux-là construisent leur projet politique autour des lois qu’ils comptent faire voter pour l’amélioration de certains secteurs d’activités. Mais là encore, les choses se corsent pour les candidats de l’opposition. En effet, le RDPC va aux législatives avec près de 136 députés déjà acquis. Comment un parti d’opposition fera-t-il passer une proposition de loi ? Chose qui a été impossible au sein du parlement camerounais depuis son existence. Le rapport de force est complètement à l’avantage du parti au pouvoir. Difficile donc de convaincre les populations qu’on apportera un quelconque changement. Complexe la campagne dans une telle configuration.
Stéphane NZESSEU