La justice camerounaise est mise à l’index depuis quelques jours avec cet incident qui a mis aux prises les avocats et les forces de maintien de l’ordre. Un évènement qui est venu relever le ras le bol que plusieurs acteurs de l’appareil judiciaire camerounais couvent depuis bien longtemps maintenant.
La justice camerounaise est invitée à passer elle aussi à la barre. Elle fait l’objet de nombreuses accusations. Les unes plus ou moins crédibles et certaines que les autres. Les différents compartiments de la maison de la justice au Cameroun doivent se regarder dans la glace. Le temps d’une saison de réflexion, il devient urgent pour l’appareil judiciaire de procéder à son aggiornamento. Les accusations, mais aussi des plaintes fusent de partout.
Me Charles Tchoungang a souligné quelques aspects qui mériteront de retenir l’attention des professionnels à l’occasion de ces états généraux de la justice. Tout devra commencer par le renforcement du pouvoir de la justice à travers une plus forte autonomie du pouvoir judiciaire. Une autonomisation dont l’objectif est de garantir la véritable indépendance du gardien des lois et du garant de l’équilibre entre les deux autres pouvoirs que sont le législatif et l’exécutif. Là-dessus, il y a tellement de points à reconsidérer. Mais l’ancien bâtonnier choisi de ne pas s’y attarder pour continuer d’évoquer les autres aspects à revoir. A l’instar de la question de la formation.
Pour Me Charles Tchoungang, il est important de séparer le cadre de formation des hauts cadres de la fonction publique de celle des magistrats. Le fait pour ces hommes et femmes d’être des promotionnaires de l’Enam crée des situations de concussions qu’on peut aisément éviter. De plus, cette séparation donnera de préciser la séparation entre les agents de l’exécutif et les agents qui devront servir le pouvoir judiciaire. Cette question de la formation vaut également pour les avocats et les autres corps de métiers au sein de la justice.
Me Charles Tchoungang dans son appel à l’urgence de la tenue des états généraux de la justice, évoque aussi les questions d’infrastructures. Sachant que la justice c’est depuis le poste de police ou de gendarmerie jusqu’à la prison en passant par le palais de justice, il faut pouvoir donner à tout ce pouvoir des infrastructures décentes qui lui permettent d’humaniser son fonctionnement.
Au cours de son intervention, Me Tchoungang fustigeait le fait que certains greffiers n’ont pas d’appareils informatiques pour faire convenablement leur travail au point où certains achètent de leurs poches les laptops qu’ils utilisent pour le service de la justice du Cameroun. Des bureaux de certains juges qui n’ont pas de fenêtre, ne respectant aucune dignité pour l’exercice convenable du travail.
Mais aussi, les palais de justice qui sont mal construits, ou du moins avec beaucoup de désinvolture dans certains coins du Cameroun. Autant de griefs et bien d’autres qui participent à l’affaiblissement de l’appareil judiciaire camerounais. Et là, il reste encore à traiter des questions de répartition claire des fonctions et des pouvoirs au sein de l’appareil tout entier, sans oublier les questions d’harmonisation des jurisprudences.
Stéphane NZESSEU