Le lanceur d’alerte est choqué certes, mais veut garder la tête froide. Il demande que soit identifiés et traduits dans les tribunaux internationaux tous ceux qui de près ou de loin sont responsables de ces massacres ignobles.
Le journaliste présente un argumentaire équilibré. Pour lui, « Les meurtres de ce samedi constituent un crime contre l’humanité et nécessitent une enquête internationale pour déterminer les responsabilités. » Seulement dit-il, il faut bien savoir qui des deux parties qui s’affrontent sur le terrain est véritablement responsable de ces exactions. Car, il ne faut pas être naïf et croire que seuls les milices séparatistes peuvent poser de tels actes. Et pour se justifier, Boris Bertolt convoque deux raisons :
« La première raison relève du fait qu’il est évident que les deux camps : les forces gouvernementales et les combattants ambazoniens vont se rejeter les responsabilités. Il faut donc une enquête constituée d’experts indépendants pour établir les responsabilités et engager des poursuites judiciaires nationales et internationales contre les auteurs. »
Et la deuxième raison, « il est très tôt d’accuser les combattants ambazoniens et innocenter l’armée camerounaise qui a une longue histoire de massacres de populations civiles dans la zone anglophone avec des villages brûlés, des femmes et des enfants assassinés parfois en plein sommeil. A l’Extrême-Nord on a eu le meurtre des bébés. Sans oublier qu’il est établi que des milices pro gouvernementales, financées par des hommes d’affaires locaux et des acteurs politiques sont à l’œuvre en zone anglophone avec la bénédiction des forces de sécurité camerounaises.
On ne peut donc pas de manière rigoureuse en l’état actuel des informations accuser les combattants anglophones et déresponsabiliser l’armée ou les milices pro gouvernementales. Parce qu’on ne peut pas faire confiance au gouvernement qui n’a même pas encore rendu 7 mois après son rapport sur le meurtre du journaliste anglophone, Samuel Wazizi, il faut que toutes les forces politiques, la société civile nationale et internationale, la diaspora camerounaise s’active pour obtenir une enquête indépendante sur les massacres de Kumba. »
Il convoque essentiellement des faits confirmer par des poursuites judiciaires en cours au sein de la justice militaire. Des poursuites qui condamnent ces militaires qui se sont permis de fusiller à bout portant des femmes et enfants en prenant soin de filmer la scène.
« Par ailleurs, L’on ne saurait faire confiance à aucune partie. Car à bien y regarder toutes les parties avaient un intérêt à perpétrer ce type de crime. Pour les combattants ambazoniens, même si le meurtre d’enfants n’obéit pas à leur schéma dans la mesure où ils ont intérêt à ne pas se mettre à dos les populations locales et l’opinion nationale et internationale, ils ne sauraient être complètement exclus d’une enquête parce que ce crime permet de nouveau à la communauté internationale de se pencher sur ce conflit qu’elle semble avoir oublié parce que plus préoccupée par la COVID 19. Même si ce serait risqué, les combattants ambazoniens ont un certain intérêt derrière ces massacres. Cependant c’est à une enquête internationale de les impliquer ou de les exclure. »
Stéphane NZESSEU