Les hommes en robe noire sont encore sortis des tribunaux ce jeudi 04 décembre à Bamenda. Ils protestent contre les dispositions de l’article 26 de la loi en étude à l’Assemblée Nationale. Une autre étincelle qui risque de remettre le feu aux poudres.
Le texte querellé énonce « l’anglais et le français sont indifféremment utilisées devant les juridictions de droit et spéciales (1). Les décisions de Justice sont rendues dans l’une ou l’autre langue officielle (2) ». Ce sont les alinéas de l’article 26 qui créent les remous au sein du corps d’avocats à Bamenda dans le Nord-Ouest ce 4 décembre 2019. Ces derniers estiment qu’il est anormal de stipuler dans un texte comme celui-ci que le juge a le choix de la langue dans laquelle il rendra le verdict, sans tenir compte de la langue dans laquelle s’exprime l’accusé. Les avocats exigent que le texte de loi dise plutôt : (2) les décisions de justice sont rendues dans l’une et dans l’autre langue officielle.
Pour se faire comprendre, ils ont réuni la presse pour signifier leur mécontentement et annoncé des mouvements de grève au cas où cette disposition ne serait pas corrigée. Or l’on se souvient que c’est dans les mêmes circonstances qu’est née la crise qui secoue jusqu’à ce jour les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest. En Novembre 2016, les avocats demandaient juste que soit traduit en langue anglaise le code OHADA. Face à la sourde oreille et à la condescendance de certains membres du gouvernement, les villes se sont embrasées. Même la traduction apportée par le ministre de la justice en Mars 2017, rien n’y a fait, il était tard pour sauver les meubles.
Réagissant à cette nouvelle, l’ancien bâtonnier du barreau camerounais, Me AKERE MUNA s’est offusqué de l’attitude des administrateurs camerounais qui ont le courage, dans un contexte socio-politique aussi tendu et sachant les conséquences de la guerre, ils ont le courage de mettre sur la table des députés une loi qui nous ramène au point de départ. De plus, cette disposition de l’article 26 viole la Constitution car elle propose le bilinguisme comme une option, or c’est une obligation constitutionnelle. Il faut également rappeler que cette situation d’incompréhension est le lot des justiciables camerounais arrêtés dans le cadre de la crise anglophone et jugés à Yaoundé. Au cours du procès des prisonniers ayant participé aux émeutes du 22 juillet à la prison de Kondengui, plusieurs parmi eux (d’origine et d’expression anglaise) ont eu beaucoup de difficultés dans leurs interactions avec le parquet et la cour.
Stéphane NZESSEU