Après l’annonce par les avocats de reprendre un mouvement de grève, le gouvernement cède et retire le projet de loi sur la promotion du bilinguisme de la table des députés.
La rédaction de Agence Cameroun Presse l’a appris dans la mi-journée de ce jeudi. C’est une nouvelle rassurante. Visiblement, les responsables de l’Etat cette fois n’ont pas fait la sourde oreille à la remarque pertinente faite par les avocats du barreau du Cameroun hier dans la ville de Bamenda. Une réaction à saluer. Une réaction qui contraste avec la condescendance généralement observée chez les tenants du pouvoir de la République. Si l’on s’en tient à la remarque faite par les avocats, et la prompte action de retrait du texte de ce matin, il va de soi que ce sera pour rectifier le détail sémantique demandé par les hommes en robe noire. Notamment, d’inscrire dans cette proposition de loi l’obligation pour la justice de se rendre ses décisions dans les deux langues.
Fallait-il en arriver là ?
Le processus de rédaction des propositions de lois au Cameroun est très complexe. Selon les disciplines que convoquent les textes en questions, il sera fait appel aux services juridiques des départements ministériels concernés. Ou encore, la conception du texte est confiée à une commission transversale constituée de plusieurs acteurs du domaine à codifier, ou comme c’est souvent le cas, à un cabinet d’experts sur les questions à codifier. Seulement, à la vérité des faits, il est très souvent arrivé que quelques personnes confisquent le projet de rédaction, espérant empocher tout seul les dividendes financiers affectées aux recherches et nécessités liées à la rédaction dudit texte. C’est la part du gain qui intéresse les rédacteurs. Conséquences, les principaux acteurs ne sont pas impliqués dans toutes les étapes de la conception et de la rédaction du texte qui sera déposé sur la table des députés de l’Assemblée Nationale.
Résultats des courses, on obtient des textes qui contiennent de nombreuses fautes élémentaires de littératures. Des textes avec des contre sens évident, pour lesquels on se demande s’il n’y a pas eu une simple commission de relecture pour corriger ledit texte. Tout ceci aboutit très souvent à l’obtention de texte inopérant. Des textes inapplicables en l’état, ou alors des textes qui tuent l’esprit de la loi pour laquelle ils sont confectionnés. Et c’est ce à quoi on a failli arriver une fois de plus nul été la vigilance des avocats camerounais.
Stéphane NZESSEU