Le Président de la République a rétrocédé ce 11 août 2020 deux espaces de terres aux populations du Nkam.
C’est par un communiqué de presse signé par le secrétaire général des services du premier ministre que la communauté du Nkam apprendra que le Chef de l’Etat a choisi de corriger les actes de son ministre des domaines qui avait pris sur lui en Avril 2020 de réquisitionner les forêts des villages de cette partie du Cameroun pour les inscrire dans le domaine privé de l’Etat. Le Chef de l’Etat a instruit le Premier Ministre de prendre un décret pour retirer un autre décret, celui signé par lui-même le 14 juillet 2020, portant classement au domaine privé de l’Etat d’une portion de forêt de 68 385 hectares, constituée en unité forestière d’aménagement dénommée UFA 07 006, située dans les Départements du Nkam et de la Sanaga Maritime.
Et ce n’est pas tout. Le Chef de l’Etat a ordonné de surseoir à la procédure de classement de la portion de forêt de 65 007 hectares située dans le département du Nkam et constituée en unité forestière d’aménagement dénommée UFA 07 005.
Il faut rappeler que le contentieux autour de ces questions d’incorporation de forêts rurales dans le domaine privé de l’Etat est la conséquence de l’article 11 (nouveau) de l’ordonnance nro 74-2 du 06 juillet 1974 fixant régime domanial au Cameroun. « Article 11 (nouveau) (Ordonnance n° 77-2 du 10 janvier 1977). – À partir du 05 août 1974, date d’entrée en vigueur de l’ordonnance n° 2 du 06 juillet 1974, peuvent après mise en demeure restée sans effet, être incorporées au domaine privé de l’État, sans indemnité, les propriétés des zones rurales qui, depuis dix ans au moins, n’ont fait l’objet d’aucun entretien ni d’aucune régénération. » Depuis lors, il y a toujours eu débat entre les populations rurales qui voient leurs forêts être réquisitionnées par les agents de l’Etat pour les revendre à des entreprises étrangères sans se soucier de l’avis de populations locales. Dès lors, qu’est ce qui définit ou permet de savoir objectivement qu’une terre rurale n’a fait l’objet d’aucun entretien ? Et quand il s’agit de « forêts sacrées » ? Ou d’espace qui serve à la nutrition et à la vie des populations rurales ?
Les populations du Nkam ont cette fois ci eu la chance que le Chef de l’Etat décide de leur rétrocéder leurs forêts « sacrées ». Mais ce n’est pas le cas de nombreuses communautés camerounaises qui n’ont personnes pour déposer leurs doléances directement sur la table du Chef de l’Etat sans passer par ces intermédiaires au milieu desquels il y a souvent des complices de cette forfaiture.
Un phénomène qui connaît un développement important depuis que les chinois achètent à tour de bras les terres au Cameroun pour leurs projets. Mais ça c’est une autre question.
Stéphane NZESSEU