Au Cameroun, la microfinance est un secteur «assez stable et dynamique», a soutenu le Premier ministre, déplorant néanmoins «quelques dysfonctionnements persistants liés notamment à un déficit de gouvernance et à une insuffisance de professionnalisme chez certains promoteurs».
Philemon Yang s’exprimait lors de la présentation du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour 2019 à l’Assemblée nationale. En effet, par rapport à 2017, et selon les données du ministère des Finances (MINFI), le domaine des EMF enregistre une hausse de 1 point.
En 2017, l’activité des Etablissements de microfinance (EMF) a représenté 53% des dépôts à vue au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), soit plus de 340 milliards de FCFA avec 69% des crédits octroyés à la clientèle dans la sous-région, soit plus de 244 milliards de FCFA et un bilan total de 445 milliards de FCFA.
Au 31 décembre dernier, selon le ministre des Finances, le nombre de comptes ouverts dans ces établissements au Cameroun était de 3,03 millions, contre 2,14 millions dans les établissements de crédit. S’agissant des dysfonctionnements concourant à rendre le secteur peu stable, peu fiable et peu serein, le gouvernement déplore notamment la faiblesse de la gouvernance, due à une insuffisance institutionnelle.
Pour le chef de la division de la microfinance au MINFI, Ahmadou Bouba, s’exprimant quelques mois auparavant au cours d’un colloque, cet environnement est marqué par le détournement des fonds par les dirigeants, l’octroi de crédits sans garantie, le défaut de manuel de procédures, une gestion incertaine des risques, le manque de confiance des clients quant à la sécurisation de leur épargne ainsi que l’insuffisance et l’inadéquation du service offert.
Comme conséquence de ces mauvaises pratiques, on est passé de 652 EMF dans les années 2000 à 412 EMF en 2016, beaucoup ayant mis la clé sous la porte du fait de la mauvaise gestion, ou alors du non-respect des normes règlementaires et prudentielles.
En juin dernier, le gouvernement a rendu publique une liste de 411 établissements EMF autorisés à exercer les activités dans le pays, invitant par ailleurs leurs différents promoteurs, notamment les dirigeants, à s’approprier les dispositions du nouveau règlement de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), relatif aux conditions d’exercice de leur secteur.
Ledit règlement met un accent particulier sur le respect des règles prudentielles, les principes de gouvernance et le bon fonctionnement des organes sociaux, tout en renforçant le dispositif de supervision prudentielle et non prudentielle des EMF.
412 établissements de microfinance (EMF) sont autorisés à exercer leurs activités sur le territoire camerounais. Ces structures étaient au nombre de 500 en 2015. Dans l’intervalle, beaucoup ont mis la clé sous le paillasson, laissant leurs clients dans le désarroi, du fait des écueils managériaux. Afin d’assainir ce secteur important dans le processus de l’inclusion financière, du fait de la capacité des EMF à intervenir jusque dans les zones rurales, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) vient de mettre en place un nouveau dispositif réglementaire régissant l’activité de microfinance.
Plus rigoureux en matière de contrôle, de gestion, de profil des dirigeants et de constitution du capital minimum, ce nouveau dispositif a été détaillé aux responsables des établissements de microfinance de la Cemac, rassemblés le 26 juin 2018 à Yaoundé, la capitale camerounaise. Les EMF des six pays de la Cemac ont jusqu’au 1er janvier 2020, pour s’y conformer.
Otric N.