Le niveau d’endettement de la Société nationale de raffinage (Sonara) auprès de banques camerounaises est problématique du point de vue du Fonds monétaire international. L’institution en a fait une analyse dans son rapport pays n°18/256 d’octobre consacré au Cameroun.
Il en ressort que l’unique raffineur camerounais des produits pétroliers totalise 65% des dépôts des entreprises publiques et 62 % des crédits. La grande partie de la dette de la Sonara, soit 87,9 %, a été contractée il y a moins d’un an.
Selon le Fond monétaire international (FMI), au moins trois banques ne pourront pas remplir les exigences nationales en matière de disponibilité de fonds propres. Deux autres perdront entre 50 et 85% de leurs fonds propres excédentaires en cas de défaut de la Sonara.
La Sonara reste ainsi la principale responsable du risque direct pesant sur le système bancaire émanant des entreprises publiques, en termes de grande exposition et de risques de liquidité et de crédit. «Parmi les 6 banques qui ont une exposition nette positive à la Sonara, l’une a des fonds propres négatifs, trois ne rempliront pas l’exigence minimum de fonds propres en cas de défaut de la Sonara et deux banques perdront respectivement 85 et 50% de leurs fonds propres excédentaires respectifs», souligne le FMI.
La situation financière de la Sonara représente un risque qui pourrait dépasser le cadre l’environnement bancaire. Il y a également un «risque de nuire à l’Etat et au secteur privé». La structure enregistre le pourcentage le plus élevé des arriérés de paiement du secteur public. La Sonara représente 53% des arriérés des entreprises publiques contre 13% pour Camtel.
«Environ deux tiers de ces arriérés sont des arriérés d’impôt qui amputent les recettes de l’État. L’accumulation d’arriérés envers la sécurité sociale pourrait entraîner une augmentation des cotisations de retraite et/ou des subventions publiques pour compenser ce manque-à-gagner», explique le FMI.
Le contexte financier au Cameroun est marqué par une forte augmentation des arriérés de paiement des entreprises publiques. Ceux-ci ont presque doublé depuis 2013 pour atteindre 3,4 % du Produit intérieur brut (PIB) contre 1,8 % en 2013.
Les services du FMI encouragent les autorités à continuer de renforcer le suivi de la dette des entreprises publiques et des passifs contingents. Les mesures de court terme proposées par les autorités ne permettent pas de restaurer la viabilité financière de la Sonara, et la hausse des prix du pétrole ne ferait qu’aggraver ses difficultés de trésorerie et accroître les risques budgétaires.
De façon plus générale, les services du FMI recommandent de réformer les prix actuellement administrés pour assurer le recouvrement des coûts des principaux services publics, tout en protégeant les pauvres.
Les services du FMI encouragent également les autorités à responsabiliser les entreprises publiques dans l’amélioration de leurs performances, tout en garantissant le paiement effectif des subventions et des factures de services dues aux entreprises publiques afin d’éviter l’accumulation continue de dettes croisées.
La stratégie pour assurer la viabilité financière de la Sonara a été révisée. Elle prévoit à court terme les mesures ci-après: la finalisation le processus de recapitalisation de la Sonara au plus tard le 31 juillet 2018; la signature de la convention de dettes croisées Etat/Sonara au 31 décembre 2015; la signature des procès-verbaux portant constatation de l’apurement du manque à gagner/trop perçu au 31 décembre 2016 et au 31 décembre 2017; la révision de la structure des prix des produits pétroliers en ajustant : la péréquation transport, les postes libéralisés (frais généraux, coulage);
Mais aussi: la révision de la structure des prix du gaz en vue de la maîtrise des dépenses liées au manque à gagner observé sur le GPL et celui issu de la production SONARA. Aussi, une optimisation du contrat d’approvisionnement du GPL est à envisager à travers l’appel à concurrence; le rachat des titres Sonara (OTZ) par l’Etat afin de résorber la dette des fournisseurs des pétroles bruts de 2013 dont la conséquence serait la réduction des frais financiers et le rétablissement de la confiance; l’apurement du manque à gagner mensuellement à partir de juillet 2018, et le règlement des montants dus avec un délai maximum de 90 jours.
Otric N.