Dans la continuité de la première phase du Programme d’appui à la compétitivité et à la croissance économique au Cameroun (PACCE I), le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a approuvé, jeudi 29 novembre 2018, un prêt de 150 millions d’euros (environ 98,39 milliards de FCFA) pour engager la deuxième phase de cette initiative. Ce vaste programme de réformes est une opération pluriannuelle d’appui budgétaire sur trois ans qui court de 2017 à 2019.
Le PACCE I, approuvé en décembre 2017, avait retenu une série de mesures de réformes identifiées comme des éléments déclencheurs de la deuxième phase. Le PACCE II, qui s’étend de novembre 2018 à décembre 2019, continuera de soutenir les fondements d’une croissance économique accélérée, résiliente et inclusive, à travers l’amélioration de la gestion des finances publiques, le renforcement de la gouvernance et de la compétitivité des secteurs productifs, notamment le transport, l’électricité, l’énergie, l’agriculture et la pêche.
Des enseignements ont été tirés de la première phase de l'opération. Tout d’abord, la qualité du dialogue continu entre le gouvernement camerounais et la Banque a assuré une bonne perception et acceptation des réformes. De plus, le séquençage des étapes a assuré la consolidation des résultats obtenus.
Enfin, la Banque et les partenaires au développement ont entretenu une étroite collaboration dès la conception et tout au long de la mise en œuvre de leurs opérations, évitant ainsi le double emploi entre bailleurs et minimisant les coûts de transaction pour le gouvernement. Des résultats probants sur différents plans ont été enregistrés. Le taux de croissance est resté positif, à 3,2 % en 2017 dans une région où certains pays ont connu la récession. Le déficit budgétaire, évalué à 6,7% en 2016, a été à résorbé à 5 %. L’inflation a été contenue, à 0,6% en 2017 contre 0,9% en 2016.
« La mise en œuvre du PACCE I a contribué à faire avancer le programme du Cameroun dans son ensemble. En effet, sur 14 actions de réformes clés retenues dans le PACCE I, dix ont été entièrement réalisées, trois sont en cours de réalisation, et une seule action de réforme ne l’a pas encore été. Pour cette deuxième phase de PACCE II, la Banque africaine de développement entend faire le relais avec le PACCE I, tout en consolidant les réalisations déjà acquises », a déclaré Abdoulaye Coulibaly, directeur du Bureau de coordination de la gouvernance et de la gestion financière publique au sein de la Banque africaine de développement.
Malgré les enjeux de sécurité auxquels est confronté le Cameroun, la baisse drastique des prix du pétrole depuis quatre ans et la chute des prix des autres produits d’exportation (cacao et bois), l’économie camerounaise montre une résilience aux chocs exogènes. L’amélioration de la gouvernance et la compétitivité des secteurs productifs devrait, en réduisant les coûts de production, attirer plus d’investissements privés et stimuler la croissance pour atteindre les objectifs du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi pour 2010-2020. Ces évolutions devraient impacter positivement la sous-région, le Cameroun étant la locomotive économique de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Le PACCE s’inscrit en droite ligne de la stratégie régionale définie en décembre 2016 par la CEMAC, préconisant un rééquilibrage soutenu des finances publiques, un retour à une politique monétaire saine, et le lancement de réformes structurelles pour accompagner la diversification économique.
Le portefeuille actif de la Banque au Cameroun compte 23 projets, totalisant des engagements de plus de 1,3 milliard d’euros, soit 875 milliards de francs CFA. Le 27 novembre 2018, la Banque africaine de développement a également approuvé un montant d’environ 18 millions d'euros pour la première tranche du projet de transport de la Ring Road, un périphérique pour promouvoir le développement socioéconomique dans la région du nord-ouest.
Otric N.