Le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute, a signé un arrêté octroyant au Chef du gouvernement et aux ministres, une augmentation de salaire grâce à des indemnités de supervision prélevées à hauteur de 10% sur tous les budgets des comités et groupes de travail interministériels.
Selon l’arrêté largement diffusé par la presse locale, ces primes vont coûter à l’Etat plus de 10 milliards FCFA chaque année. Pourtant, dans un rapport publié en fin de semaine dernière, la Banque mondiale (BM) a demandé au Cameroun d’améliorer sa gouvernance publique dans la perspective d’une émergence économique projetée à l’horizon 2035.
Cette mesure est considérée par une certaine opinion comme un gallot d’essai vers une augmentation des salaires de tous les agents de l’Etat. En effet, un rapport de la Banque mondiale dénonce la faible rémunération des agents de l’Etat au Cameroun.
Le salaire mensuel le plus élevé d’un agent de l’Etat au Cameroun est de 330 000 FCFA. Une rémunération qui convient au grade A2, qui est la catégorie la plus élevée de la fonction publique dans notre pays. Les fonctionnaires les moins bien payés touchent 44 000 FCFA/mois. Il s’agit là, des chiffres issus de la dernière grille des salaires, adoptée au Cameroun le 1er juillet 2014.
Ces salaires sont parmi les plus bas de l’Afrique subsaharienne. C’est le constat de la Banque Mondiale, dans un rapport publié en novembre 2018. L’institution de Brettons Woods note à titre de comparaison, que le salaire mensuel le plus élevé de la fonction publique en Zambie, est d’environ 2 446 824 FCFA et de 171 198 FCFA pour le moins élevé. Au Rwanda ces chiffres sont respectivement de 1 251 281 FCFA et 168 923 FCFA.
Dans la « Revue des dépenses publiques » intitulée « Aligner les dépenses publiques aux objectifs de la Vision 2035 », rendue publique le mardi 5 février 2019, la Banque mondiale préconise une augmentation de salaire des agents de l’État.
Dans ses recommandations pour un meilleur contrôle des ressources humaines et de la paie, l’institution de Bretton Woods demande de « clarifier et reclasser les dépenses budgétaires ayant nature de rémunération, par exemple les indemnités journalières, et les inclure dans la masse salariale », conformément aux directives de Gestion des finances publiques.
En clair, note la Banque mondiale, le gouvernement camerounais complète les salaires de la fonction publique par un grand nombre d’allocations et de primes telles que des primes spécifiques et spéciales, des allocations techniques, des primes de performance, de pénibilité, de risque, etc. « Cette pratique a également aggravé les inégalités du système de rémunération du fait que toutes les catégories d’agents de la Fonction publique n’y ont pas accès », déplore la Banque Mondiale.