De 2012 à 2017 ils sont plus de 2.500 camerounais qui ont travaillés dans les chantiers de construction du barrage de Lom Pangar. Durant les travaux, ils sont nombreux les citoyens camerounais qui ont perdu la vie. Le drame c’est qu’ils n’ont jamais été indemnisés. Pire, trois ans plus tard, leurs ayant droits continuent de raser le mur des bureaux du projet espérant recevoir les droits de leurs parents décédés sur le front du développement du pays.
Ceux qui sont officiellement comptabilisés comme étant décédés dans l’exercice de leurs fonctions, sont 40 travailleurs. La première chose à dénoncer c’est qu’au regard des informations à notre disposition, ces accidents n’ont jamais été déclarés à la CNPS, encore moins à l’inspection du travail. Au grand désarroi des familles qui se sentent ainsi, doublement assassinées. De plus, après le décès de leurs parents, les familles et les ayants droits de ceux-ci n’ont encore rien reçu.
A titre d’illustration, nous citons le cas de Mr BOUKESSONG Daniel. Cet employé dans les chantiers de construction du barrage de Lom Pangar avait été écrasé à une heure du matin par un engin. Jusqu’à ce que nous mettons cet article sous presse, sa famille n'a pas encore été indemnisée malgré les réclamations datant de plus de 03n ans. Nous pouvons également parler du cas de Mr NDINGA Patrice Daniel, un chauffeur qui est mort à la suite d’un accident de circulation à DENG DENG en 2016 (en plein service) et ses ayant droits pleurent depuis toutes ces années sans indemnisations.
A côté de cette quarantaine de travailleurs décédés, on dénombre également ceux-là qui ne sont pas sortis indemnes de leurs accidents de travail. A ce sujet, l’un des cas les plus pathétiques est celui de Mr BOUYOM Francis Douglas. Ce jeune camerounais était un soudeur industriel à Lom Pangar. En février 2012, il va être électrocuté par une décharge électrique de 380 volts. Après près de 03 semaines passées dans de coma à l'hôpital général de Yaoundé, il s'en est sorti avec une incontinence urinaire totale, une perte totale d'érection ayant conduit au départ de son épouse et des troubles psychiques chroniques à répétitions. Après des tractations du syndicat SYNTDOPTRE à EDC et à la CNPS sous la pression de la banque mondiale. Les deux entreprises auraient dû à ce travailleur au jour d’aujourd’hui, une rente depuis 2018. Ce qui n’est pas fait. Il porte désormais des couches pour adultes, ce qui l’oblige à avoir des dépenses journalières très importantes. Puisque ces couches coûtent 1.400 fcfa l’unité. On peut ajouter le cas de Mr ABONDO LASTANE Hervé. Un maçon au barrage de Lom pangar, qui en 2012 a reçu un projectile sur l'œil gauche et ne disposant pas d'EPI, il a perdu son œil. Depuis lors, il n’a reçu aucune indemnisation et les patrons de l’entreprise chinoise qui construit le barrage avaient versé du KITOKO dans son œil lors de la survenue de cet incident malheureux en 2013. En plus de ces cas, il y a bien d’autres camerounais qui sont abandonnés à eux-mêmes aujourd’hui par EDC et l’Etat du Cameroun.
Il y en a d’autres. Mais à cette liste, on souhaite ajouter le nom de Mr BOUYOM Francis qui se trouve en ce moment dans le coma, suite aux violences exercées sur lui par les forces de police à l’occasion de la manifestation pacifique du 10 juillet dernier devant les bureaux de EDC à Yaoundé.
Stéphane NZESSEU