Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest les affrontements entre l’armée et les sécessionnistes persistent.
11 octobre 2016, des avocats originaires des régions anglophones décident de manifester à Bamenda, le chef-lieu du Nord-ouest. Ils souhaitent par-là, exprimer leur désapprobation, contre l’absence d'une version anglaise de textes indispensables à leur travail. Pour être plus précis, ils réclament la traduction des «actes uniformes» de l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) en vigueur depuis des mois. En outre ils réclament aussi l’affectation dans les régions anglophones de magistrats maîtrisant la langue anglaise, la création au sein de la Cour suprême d’une section spéciale chargée des recours contre les décisions rédigées en anglais et la création d’un département «Common Law» à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature. 21 novembre 2016, après les avocats, des enseignants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest descendent à leur tour dans les rues. Entre autres, ils veulent un déploiement d'enseignants francophones dans des écoles anglophones.
De ces revendications corporatistes, naît une crise qui au fil du temps verra des acteurs autres que ceux suscités, apparaître. Un groupe armé de personnes réclamant la sécession du Cameroun le 1er octobre 2017, autoproclame une république imaginaire dénommée «Ambazonie». Dans un reportage diffusé sur Tv5, le Colonel Didier Badjeck porte-parole de l’armée camerounaise indique que c’est en fait la zone la plus sensible où on dénombre le plus grand nombre de combats entre les Forces de défense et les ambazoniens. «Ici, c’est un combat qui est particulier, un combat de guérilla. Nous avons mis des forces qui sont appropriées et qui peuvent mener ce genre de combats. Et une fois que c’est sécurisé, nous tenons la zone pour exprimer notre souveraineté», déclare le Colonel Didier Badjeck, dans ledit reportage.
Avec les éléments de l’Ambazonie, des actes d’intimidation portés vers les populations sont à l’ordre du jour. Des jours d’une opération baptisée «ville morte» sont instaurés. Personne ne doit vaquer à ses occupations durant lesdits jours. L’école devient interdite dans les régions anglophones. Les populations affirment être menacées de mort. A la rentrée scolaire 2017-2018, des images d’enfants brutalisés circulent sur la toile. Ceux des opérateurs économiques qui bravent le mot d’ordre de «ville morte», voient le jour d’après leurs commerces partir en fumée. Dès lors les affrontements entre les Forces de défense et de sécurité et les éléments de l’Ambazonie deviennent réguliers. Car dans certaines localités des régions anglophones, le drapeau du Cameroun a été enlevé à la faveur d’un autre avec un fond bleu et blanc, ayant treize étoiles. C’est celui de la république imaginaire.
Certains villages à l’instar de Dadi se vident de leurs habitants. Dans le reportage diffusé sur Tv5, après un affrontement entre armée et les ambazoniens, les militaires tombent sur des armes. «Vous voyez là des armes de fabrication artisanale. Ils ont des armes de guerre également. Ici, nous avons trouvé également ces armes par centaines dans ce village et c’était des armes essentiellement orientées vers les forces de défense et de sécurité utilisées par l’armée qui était en train d’être mise sur pied par ces assaillants. Ce sont des armes dangereuses. Si vous n’êtes pas protégés dans les 20 à 30 mètres, c’est un carnage», raconte Achille Binong, Officier de police dans le village de Dadi dans ledit reportage.
Pour faire face aux sécessionnistes, l’armée met en place un plan de riposte. Il y a des patrouilles mixtes police/armée. Grâce à cette patrouille un camerounais d’expression française qui a requis l’anonymat de peur d’être inquiété, raconte avoir eu la vie sauve. Résidant à Douala, il s’est rendu un mercredi dans la ville de Buea, ignorant que ce jour avait été désigné par les ambazoniens comme jour de «ville morte». Etant tombé sur des ambazoniens qui avaient posé des barricades sur la route, l’ayant sorti de son véhicule, et alors qu’ils avaient commencé à le rouer de coups, c’est l’arrivée d’une patrouille de l’armée qui a obligé ses agresseurs à le laisser pour disparaître par la suite dans la brousse.
Lors de cette rentrée scolaire 2018-2019, les régions anglophones ont dû être militarisées pour permettre aux enfants de regagner le chemin de l’école. Et il y a juste de cela quelques jours que l’armée a réussi à retrouver des élèves de la Presbyterian school de Bamenda kidnappés des sécessionnistes.
Liliane N.