Avec sa cohorte de morts, environ 20 millions à travers la planète, la pandémie du coronavirus a fait la lumière sur autre chose que les seules carences et défaillances de nos systèmes de santé, notamment ceux réputés pour leurs performances.
Le COVID-19, ou plutôt la gestion qui en a été faite, aura en effet servi de révélateur des exceptions, des divisions et des égoïsmes latents dans un système humanitaire présenté comme globalisé et solidaire.
Mais, à voir l’empressement, la hargne et la froideur avec lesquels certains se seront accaparés les matériels destinés à la réponse à cette crise sanitaire, il est manifestement de la coupe aux lèvres, en matière de globalité et de solidarité dans le malheur.
C’est pourtant cela qui est véhémentement réclamé et péremptoirement exigé de tous, à présent qu’une seule partie du monde est en confrontation armée avec les démons de ses prétentions.
Et comme si les prises de position des Etats ne suffisaient déjà plus, l’on assiste de plus en plus à des manœuvres incitant à la constitution et la mobilisation de groupes de volontaires appelés à faire le coup de feu sur le champ de bataille est-européen.
Des enrôlements non-discriminatoires, sans qu’il soit dit que le traitement le sera aussi. En tout cas, il est permis d’en douter, surtout que les actes de racisme humanitaire à l’encontre de jeunes étudiants africains sont encore de fraîche mémoire.
D’ailleurs, pour nos Etats déjà occupés à remplir le puits sans fond que constitue la guerre au terrorisme, la question qui se pose avec une réelle acuité, est celle du retour des membres de ces brigades internationales de volontaires, une fois achevée leur mission au-delà du continent.
Quelle place et quel statut réservé à ces hordes de va-t-en-guerre ramenant par devers eux savoirs, savoir-faire et avoirs acquis en d’autres temps et lieux, une somme de capacités susceptibles d’être recyclées dans des groupes armés criminels ou terroristes implantés au pays ?
Avec la flambée du renchérissement de nombreuses spéculations importées qui grève de manière substantielle les maigres budgets africains, nos pays et nos populations pâtissent suffisamment d’un état de chose dont ils ne sont pas protagonistes.
Il paraît donc mal avisé, voire suicidaire, d’ajouter à cette situation de précarisation au plan social, le risque de voir grossir nos malheurs, par solidarité avec des calamités que d’autres se seront créées de toute pièce.
La parade à ces diverses tentatives de mercenarisation massive de notre jeunesse émanera aussi bien de nos familles que de nos pouvoirs publics, les unes et les autres devant faire ensemble montre de vigilance, de persuasion et de collaboration, afin d’éviter que le potentiel humain de notre émergence future, ne soit ni saigné à blanc, ni versé au service d’hégémonies prédatrices d’ordinaire opposées aux aspirations de paix et de prospérité de notre continent./-
Capitaine de Vaisseau
ATONFACK GUEMO,
Chef de Division de la Communication MINDEF