Après plus de six décennies consacrées à la construction des précurseurs du développement à travers son territoire national, l’Armée camerounaise se trouve aujourd’hui confrontée à de nouveaux défis. Une opération autre que la guerre dans laquelle il est question de jouer le rôle et de tenir le rang de catalyseur de l’industrialisation du Cameroun.
Un défi certainement difficile à relever, mais l’armée camerounaise n’est pas du tout dépourvue d’atouts. C‘est l’occasion d’ailleurs de mettre à contribution des institutions aux capacités éprouvées, et qui n’attendent que d’être orientées vers de nouveaux objectifs pour explorer d’autres horizons. Ainsi en est-il du CFTA (Centre de Formation des Techniciens des Armées) et de son voisin l’ECCRA (Etablissement Central de réparation et de Construction automobile). Déjà passés maitres dans la récupération et le reconditionnement des pièces métalliques, ces deux établissements ne seraient-ils pas en mesure de se mettre à la conception et l’usinage de moteurs ou de machines-outils ?
Forte de l’expérience et des savoirs accumulés dans la maintenance aéronautique lourde, l’Armée de l’Air pourrait ainsi faire franchir un pas supplémentaire vers de nouvelles ambitions. L’Ecole des Métiers ouverte à Garoua servirait alors de laboratoire et de banc d’essai de technologies liées à l’aviation dans son ensemble.
Du côté de la Marine Nationale, les Ateliers Navals et leurs docks flottants ne seraient-ils pas à même de concevoir des équipements propres à la navigation maritime ?
Et que dire du Centre de Recherche en Santé des Armées (CRESAR) pour la mise au point de produits et dérivés pharmaceutiques adaptés à notre environnement ? que dire de la cartoucherie pour la manufacture d’armements et de munitions depuis peu importées ?
À propos de la main d’œuvre, aucun souci non plus, l’Armée camerounaise regorgeant depuis toujours, de personnels qualifiés dont nombreux sont frais émoulus de grandes écoles d’ingénierie locales et étrangères.
Avec un tel potentiel humain et technique, l’espoir est vivace de voir émerger de nos casernes, des prototypes de tracteurs agricoles, d’aéronefs, de matériels navals et autres engins de conception entièrement locale, et dont les brevets d’invention seraient cédés à des promoteurs privés.
Le fusil dans une main, la planche à dessin dans l’autre, le soldat de la bataille industrielle viendra rejoindre ses frères d’arme armés de pelles sur les chantiers routiers, et ces autres traçant sur le tableau noir, les blancs sillons de la connaissance au profit des enfants de nos campagnes, futurs cerveaux et élites nationales.
Ainsi, et tout en continuant de faire front sur les actuels fronts, notre armée va apporter sa pierre à l’édification de la souveraineté industrielle du Cameroun. /-
Capitaine de Vaisseau
ATONFACK GUEMO,
Chef de Division de la Communication - MINDEF