Dans une publication, l’Élu du Peuple laisse entendre que malgré la réglementation qui entoure le métier d’artiste, tous ceux qui l’exercent “ vibrent au rythme incessant et assourdissant de détournement de fonds et malversations de toutes sortes…”.
“Le secteur musical est un tintamarre.
Il y a quelques semaines nous avons célébré la fête de la musique. Sur toute l'étendue du territoire les artistes se donnaient à cœur joie et le public se trémoussait aux sons des diverses mélodies.
Nous avions d'ailleurs profité de l'occasion pour évoquer la musique telle qu'elle est jouée aujourd'hui et soulevé un petit pan de voile sur les conditions de vie des artistes et les droits d'auteur.
Le droit d’auteur est le droit donné à l’auteur ou au propriétaire d’une œuvre protégée contre toute reproduction sans autorisation. Il peut être vendu, cédé ou concédé sous licence à des tiers.
Le droit d’auteur et les droits voisins sont réglementés au Cameroun par la loi n ° 2000/11 du 19 décembre 2000.
Malgré cela, l'on assiste à un ballet artistique que l'on ne saurait cataloguer. De la Société camerounaise du Droit d'Auteur (Socadra) à la Société nationale camerounaise de l' Art musical (Sonacam), en passant par la Société civile nationale des Droits d'Auteur (Socinada), les Cameroon music corporation (Cmc), la Société civile camerounaise de l’Art musical (Socam), le droit d' auteur au Cameroun ressemble à une institution programmée pour mourir.
Vibrant au rythme incessant et assourdissant de détournement de fonds et malversations de toutes sortes, le secteur musical est un tintamarre.
Le droit d’auteur au Cameroun ressemble à tout sauf à ce long fleuve tranquille qu'on aurait aimé qu'il soit afin de nous éviter d'assister en direct à la déchéance des artistes qui nous ont procuré des moments de pure bonheur avec des chefs d'œuvre incomparables.
Depuis le 22 septembre 1979, date du décret créant la première société camerounaise des droits d'auteur, on en a vu de toutes les couleurs et de tout genre.
Plusieurs sociétés de droits d'auteur mais toujours le même boulet, les mêmes crises, le même fantôme qui rôde au fil des années et des sociétés : détournement de fonds issus de l'exploitation des droits d'auteur, trafics d’influence, guerre de clans,...
Même les sociétés gérées par les artistes n'ont pas pu résister au cyclone. L'on va de dissolution en liquidation dans un bain de mésentente, de bagarre, de divergence, bref le chaos total. Le constat est triste: les artistes eux-mêmes n'arrivent pas à gérer leurs droits d'auteur.
C'est le règne de la désolation. Conséquence première, les perceptions des droits d'auteur n'existent presque pas et les exploitants ont trouvé une justification pour ne pas s'acquitter de leurs redevances. Conséquence immédiate de cet état des choses, les conditions de vie des artistes sont lamentables.
Les artistes sont des mendiants qu'il faut soutenir dans toutes les situations. Il en va de même pour les ayants droit qui ne profitent pas des œuvres de leurs ascendants.
Pourtant selon la loi de 2000, les droits patrimoniaux d’auteur durent pendant les cinquante années à compter de la fin de l’année civile au cours de laquelle l’œuvre a été publiée avec le consentement de l’auteur. Il en est de même pour les œuvres posthumes.
Malheureusement à ce jour les artistes et leurs familles ne jouissent pas des prérogatives de cette loi.
Avec l'arrivée d'internet où tout est désormais disponible sur les plateformes digitales, il devient difficile pour l'artiste de contrôler l'utilisation et l'exploitation de ses œuvres.
De ce fait, les pouvoirs publics devraient revoir les mécanismes de recouvrement, devraient s'organiser avec les artistes et les experts dans l'exploitation des droits d'auteur afin d'identifier tous les pôles d'exploitation des œuvres de l'esprit dans une optique d'amélioration de l'assiette de recouvrement.
Cette année, les artistes ont touché à leur enveloppe. Des montants incroyables, même les artistes les plus anciens et dont le talent, la renommée ne sont plus à discuter n'ont pas eu meilleur traitement pourtant à longueur de journée la musique s'égrène sur les antennes de nos chaînes de télévision et ondes radio, dans les lieux de loisirs.
Au moment où Yaoundé vibre au rythme de la culture, il serait plus qu'opportun de véritablement se pencher sur le problème du droit d'auteur qui n'est pas propre seulement aux artistes musiciens, mais qui mine le milieu de la culture au Cameroun.
Les artistes n'arrivent pas à vivre de leur art, pourtant ils nous divertissent au travers des films, des téléfilms et des sonorités sous lesquels nous nous trémoussons et nous nous délectons”.
N.R.M