L’expert en question d’économie Dieudonné Essomba pense que les universitaires camerounais par leurs analyses et leurs incitations, ont conduit le gouvernement dans la mélasse d’une guerre sécessionniste.
En se basant sur les derniers événements survenus dans les régions anglophones, l’économiste Dieudonné Essomba interroge le silence des universitaires camerounais comme le Pr Mathias Eric Owona Nguini et Edouard Bokagne. Il les considère comme ceux qui ont conduit le gouvernement dans la mélasse d’une guerre sécessionniste. Rappelant que le fédéralisme est la solution au problème anglophone, il demande aux universitaires ce qu’ils recommandent aujourd’hui aux autorités au moment la violence semble repris de plus belle au Nord-Ouest et au Sud-Ouest.
Retrouvez ci-dessous la tribune de Dieudonné Essomba
LES UNIVERSITAIRES DU CAMEROUN NOUS CONDUISENT OU ?
Messieurs les Professeurs et Docteurs, où portez-vous maintenant vos regards ? Le week-end passé, l’armée camerounaise a perdu 11 militaires dans des attaques des Séparatistes.
Depuis là, on ne vous voit plus pontifier sur vos Etats westphaliens, vos monstres froids, vos Léviathan et autres conneries de la même espèce. Vous avez conduit le Gouvernement dans la mélasse d’une guerre sécessionniste, avec vos incitations et vos fausses analyses.
Maintenant que la situation, échappe à tout contrôle, que conseillez-vous au Gouvernement ? Dites-le lui, puisqu’il a cruellement besoin de vos conseils! Vous lui demanderez de persister dans cette logique ruineuse, au motif que l’Etat du Cameroun est westphalien ?
Les militaires qui meurent au front sont des hommes, des fils des femmes qui ont souffert pendant 9 mois pour les accoucher. Ce sont des enfants dont on s’est occupé, et ce sont des chefs de famille utiles à leurs femmes et leurs enfants qui attendent plutôt une promotion que le cercueil précoce.
On nous parle de 1200 éléments des Forces de Défense et de Sécurité déjà tombés ! Ce ne sont pas des animaux tout de même ! Ce sont des hommes et ces hommes ont aussi un nom !
Les intellectuels qui ont poussé le Gouvernement dans cette folie ont aussi des noms : il s’agit clairement de Matthias OWONA NGUINI, diplômé en Sciences politiques, d’Aristide BITOUGA, diplômé en Anthropologie, d’Edouard BOKAGNE qui a un diplôme d’histoire, de NKOLO FOE, diplômé en Philosophie, de Patrick RIFOE, diplômé en Sciences politiques.
D’autres existent, même s‘ils sont moins visibles. C’est eux, cette bande de diplômés qui a intellectualisé la puissance invincible de l’Etat unitaire soi-disant westphalien et promis à l’Etat de ne faire qu’une bouchée de la Sécession.
Une bande de Diafoirus sans intelligence, et incapables de la moindre analyse réaliste d’une situation concrète ! Comment des gens normaux, ayant en plus fait des études en droit, en Economie, en anthropologie, en sociologie et en histoire n’ont pas été capables de comprendre spontanément que le problème anglophone était insoluble dans le cadre d’un Etat unitaire ?
Tout montrait pourtant que c’était de la folie pure que de croire à une victoire de l’Etat unitaire sur la Sécession !
D’abord, le destin d’une guérilla de l’ampleur de la Sécession anglophone, couvrant 20% de la population, impossible à contenir dans le cadre d’un Etat unitaire.
Ensuite, l’histoire des 4 pays nés fédéraux qui se sont amusés à supprimer le fédéralisme et qui ont connu exactement le même parcours : l’Ethiopie qui a connu la Sécession avec l’Erythrée, lke Soudan avec le Soudan du Sud, la Somalie avec le Somaliland. Ne restait que le Cameroun, et nous y sommes aussi !
Or, pour n’importe quel individu, il apparaissait dès le départ que le seul moyen de combattre la sécession anglophone était de lui opposer une police locale, constituée de la même population où se recrutent les Amba Boys, maitrisant l’environnement comme eux et disposant de la même légitimité.
L’armée nationale devait plutôt jouer le rôle de force de soutien à cette police, ce qui l’évitait d’apparaitre comme une force d’occupation.
Mais en opposant de front les Amba Boys qui sont les « enfants du pays » à un conglomérat d’allogènes venus de partout et notamment des régions francophones, qu’escomptait le Gouvernement ?
Il fallait être profondément malade pour espérer un seul instant que les Anglophones allaient trahir leurs enfants réfugiés en brousse et qui combattent un système unitaire dont pratiquement aucun Anglophone ne veut, en dehors de quelques têtes du Gouvernement ! Et encore, car ce n’est pas sûr que tout ce monde soit si fidèle à l’Etat unitaire, et qu’ils ne soient là que par contrainte et intérêt.
Nous sommes entrain de perdre bêtement les Anglophones. Cet entêtement de mule, cette rigidité cadavérique dans l’analyse des faits sociaux, cette pensée ossifiée, cette incapacité d’avoir les pieds sur terre nous conduit dans un abîme sans fond.
Il n’y aura jamais de victoire contre Sa sécession anglophone et les Anglophones ne retourneront jamais à l’Etat unitaire : il faut en prendre acte et avancer !
Car avec le temps qui ne fait que passer, même le fédéralisme qui apparaissait comme la meilleure formule pour tout le monde cessera de présenter la moindre opportunité de solution. Les Amba Boys, commencés avec des machettes, ont monstrueusement accru leurs capacités de nuisance au point de combattre l’armée sans complexe. C’est eux qui sont en gros progrès, c’est eux qui se renforcent en expérience, en armement et en organisation. Pendant ce temps, le Gouvernement du Cameroun se retrouve totalement piégé et ne sait plus que faire !
Et ce n’est pas avec une telle configuration qu’ils peuvent se mettre à table pour négocier une Fédération !
Les intellectuels du régime de Biya nous conduisent où ? Qu’est-ce qu‘ils conseillent maintenant, en dehors du « monstre froid » qu’ils ont promu jusque-là ? Que le Gouvernement reste dans ce sillage absolument schizophrène ?
Nous sommes clairement dans l’abomination !
Comme je l’avais annoncé dès le début de cette crise, le Gouvernement unitaire va mendier à genoux les liens confédéraux avec les AMBA BOYS.
C’est aussi cela le prix de l’imbécilité dogmatique.