La vidéo circule depuis dimanche dernier sur les réseaux sociaux. La jeune dame qui a réussi à avoir un téléphone s’est cachée dans les toilettes et a lancé un cri de détresse auprès de certains confrères de la presse internationale.
« Nous avons pris la route et après l’Algérie, nous sommes arrivés au Maroc puis Libye. Lorsque nous sommes arrivés à (Dedeb), on nous a posé la question de savoir de quelle nationalité nous sommes, nous avons dit que nous sommes camerounais. C’est ainsi que nous avons été conduits auprès des membres de notre communauté. Après quelques heures de repos, nos guides nous ont obligé pendant un peu plus de quatre heures de temps et ensuite, ils nous ont fait entrer dans des pick up.
Après plusieurs heures de route, ils se sont arrêtés au moment où nous avons retrouvé de nombreuses autres voitures garées. On nous a sorti des voitures et on nous a amené dans une maison.
Ce sont les passeurs libyens et guinéens. Ils ont exigé des hommes qu’ils se s’allongent sur le sol et nous les femmes, ils nous ont obligé à avoir des rapports sexuels avec eux.
Il y avait parmi nous, une dame enceinte de deux ou trois mois et qui avait aussi une petite fille. Lorsque l’enfant s’est mis à crier en demandant à nos kidnappeurs de laisser tranquille sa maman, ils l’ont tuée.
Quand ils ont fini de nous violer, ils nous ont fait remonter dans les pick up, ont roulé et se sont à nouveau arrêté. Ils nous ont amené dans une maison sans toiture et nous ont partagés. Ils nous ont séparés, mon frère et moi.
Et c’est depuis ce temps que ma prison à moi a commencé. Ils nous violent chaque fois qu’ils en ressentent le besoin. Très tôt le matin, ils nous amènent sur la cour et nous versent de l’eau, puis nous couchent devant d’autres personnes et ensuite nous vendent. C’est une sorte de business pour eux. Quatre à cinq hommes peuvent te passer dessus chaque jour et, si tu refuses, on te tue. Puisque personne ne sait où nous nous trouvons, qui viendra réclamer le corps ?
Comme je vous parle là, j’ai été opérée. Après avoir été violemment violée quatre fois, le cinquième homme qui voulait monter sur moi s’est rendu compte qu’il ne pouvait le faire par la voie normale, à cause du sang qui sortait partout. Il a donc voulu me prendre par derrière et c’est là où j’ai dit non, pas jusqu’à ce niveau. C’est à ce moment qu’il a pris une arme et m’a frappé sur le ventre.
Le sang a coulé pendant deux jours et personne ne m’a soigné. Un arabe est arrivé et il voulait coucher avec moi. Il s’est rendu compte que je n’arrêtais pas de saigner et comme je ne parle pas arabe, il a appelé un autre africain. Je dois vous dire qu’il y’a des nigériens et les gambiens qui travaillent avec eux. C’est l’un de ces types qui est venu traduire puisque moi je ne parle pas arabe.
Quand je leur ai expliqué ce qui s’était passé, ils m’ont amenée à l’hôpital et j’ai été opérée. J’ai passé quatre jours là bas mais ils ne m’ont pas donné les médicaments. Je faisais mes besoins sur place et personne ne m’a offert de faire mes pansements. Je les faisais toute seule.
Mon calvaire dure depuis deux ans aujourd’hui et, si je ne suis pas dans une maison, je suis dans une voiture qui me conduit dans une autre maison dans laquelle je suis l’objet sexuel des arabes.
Il y a quelques semaines, l’arabe qui m’avait fait opérer m’a volée, avec la complicité du gambien qui travaille aussi pour lui. Tous les jours, ils me violent et, je sui obligée de rester nue, pour être toujours prête pour eux.
Je ne suis pas seule dans cette maison, il y’a d’autres personnes qui travaillent pour lui. Certains lavent les chiens, d’autres s’occupent de ses voitures, certains vont travailler dehors et le soir, il les ramène dans les prisons. Moi je sui toujours enfermée.
Quand il sera fatigué de moi, je sais qu’il va me revendre. Les libyens aiment les femmes potelées et celles qui ont les fesses. Je ne fais aucun autre travail et, l’arabe là a peur que s’il ouvre la porte et je réussis à sortir, je vais m’enfuir.
Je ne peux pas m’échapper à cause de la hauteur de la fenêtre, en plus des gardiens et des chiens. Ce ne sera pas facile pour moi de m’échapper. Pour vous appeler, je me suis enfermée dans la douche. C’est grâce au gambien que j’ai pu avoir le téléphone mais seulement, il contrôle mes appels et mes messages. Et quand je vais raccrocher tout à l’heure, je vais tout supprimer.
Lorsque je lui ai donné le compte facebook de mon frère, il lui a fait un message pour lui extorquer de l’argent, en disant que je suis mourante. Je ne sais combien mon frère a envoyé.
Quand je parle ainsi avec vous, j’ai un peu le moral mais, je n’en peux plus. Si quelqu’un, les autorités de mon pays ou toute autre personne peut venir me délivrer. Je suis traumatisée, je peux devenir folle. On me couche en désordre. Je ne sais plus quoi faire… ».
Nicole Ricci Minyem