A qui revient la responsabilité de reconstruire ou de réaménager les monuments de la ville, à l’instar de porte d’entrée qui donne accès au chef lieu du Département du Noun et qui est parti en flammes le week-end dernier ?
Pour Tomaino Ndam Njoya, la question ne se pose nullement et, devant le Procureur de la République descendu comme médiateur, madame le Maire s’est voulu conciliante mais ferme
« Vous pouvez constater que nous n’avons pas réagi. J’ai refusé de descendre de la voiture pour ne pas céder à leurs provocations. Je suis là pour qu’on arrête les travaux monsieur le Procureur. On ne les arrête pas, je ne pars pas d’ici, je vais dormir ici, parce que je suis quand même le Maire de la ville…
Que ces personnes vous disent qui leur a demandé de construire, qu’il vous montre une autorisation qui leur a été délivrée par la Mairie, parce qu’il s’agit d’un bâtiment de la République…
Monsieur Procureur, pour cette république que vous représentez, donnez les ordres pour qu’ils arrêtent les travaux, ensuite, nous verrons ensembles à qui revient la responsabilité de reconstruire ces édifices… ».
Raz le bol de se voir en permanence traînée dans la boue
Et, de voir son autorité bafouée. Ce sont les mots que Patricia Tomaino Ndam Njoya a martelé avec force devant l’autorité judiciaire : «J’en ai assez. Je suis le Maire de cette ville ou je ne le suis pas ? Vous êtes le Procureur pour me protéger ou vous ne l’êtes pas ? Ces éléments de Force de l’Ordre, où ils ont là pour protéger la Monarchie, comme j’ai vu aujourd’hui, ou ils protègent la République » ?
L’approche de conciliation entamée auparavant n’a pas donné les résultats escomptés
Avant que la situation ne s’envenime, madame le Maire de Foumban dit avoir répondu à la lettre du Sultan – Roi des Bamoun, une missive accompagnée quelques jours plus tard par un communiqué et, les copies de ces deux documents ont d’ailleurs été remises séance tenante au Procureur de la République dont la décision finale était attendue.
Pour elle, « Foumban n’est pas une Monarchie et, le Sultan avant d’engager des actions qui ne relèvent pas de son autorité, doit se plier à quelques préalables, dont celui de prendre l’autorisation auprès du Maire. Et, pour donner plus de poids à ses paroles, l’épouse du Premier Maire de la commune du Département du Noun a gardé sa voiture immobilisée pendant de nombreuses heures, sur le site de construction, empêchant ainsi l’avancement des travaux.
Quelques rappels historiques
La 1ère porte d’entrée du Royaume Bamoun fut construite par le 11ème roi des Bamoun Mbouombouo-Mandù (1757-1814).
Elle fut construite lors d’escalades des cavaliers Bali-Tchamba de la Haute-Benoué, venus de l’actuel nord du Nigeria.
Pour y arriver, il aurait fallu qu’un certain Fifen-Nkù’ndùh proposa à mon arrière-grand-père roi Mbouombouo-Mandù, de faire creuser des tranchées devant, pour empêcher les assauts répétés des Bali-Tchamba.
Des notables Bamoun dans leur ruse, ne voulurent voir accepté un tel travail pénible. C’est ainsi qu’ils complotèrent pour dire au roi qu’en faisant comme suggère Fifen-Nkù’ndùh, il ne serait considéré que comme un simple kangourou qui n’a pour logement que la grotte. Le malheureux fut mis à mort.
Quelques jours après, vint le messager de Mfon Rifum (roi de Bankim), et dit au roi Mbouombouo-Mandù : «Mfon Pamom, ton grand-père m’a chargé de te dire que tu fasses creuser des tranchées pour éviter les assauts des cavaliers…».
Le roi fut ému, et regretta la mise à mort de Fifen-Nkù’ndùh…
Le miracle de Dieu se produisit ; l’on eût creusé de tout côté, mais derrière la concession du martyr Fifen-Nkù’ndùh où il fut enterré, apparurent des rochers qu’aucun robuste du Royaume ne parvint à casser.
Ce lieu où se trouve la tombe de Fifen-Nkù’ndùh, fut adopté comme Lieu Saint du Royaume Bamoun où toute personne devant se rendre au cœur du Royaume, Palais royal, devrait passer pour une séance de purification.
Le lieu de la tombe de celui de qui le successeur fut récompensé par l’élévation au rang de notable Bamoun (Njî) resta pour l’éternité, la porte d’entrée de Foumban.
NB: Il faut dire que ledit coin fut, au départ, appelé «Nshut Nsam», bouche des tranchées, c’est-à-dire voie d’accès à la cité. C’est pendant la période coloniale Allemande que l’endroit de vérité prit la forme architectural typique à la conception Européenne Allemande.
C’est alors qu’au lieu de «Nshu nsam», les Bamoun se référèrent à l’architecture présentant deux portes, et dirent «Péa ntá».
PS: Toute personne compliquée voulant entrer dans la cité royale a toujours évité de passer par là, question de ne pas voir son «pouvoir» s’envoler.
Amzine Ndam Fewou, homme de culture, professeur d’Allemand et spécialiste de l’écriture gothique, promoteur culturel et président de l’Association pour le Développement Socio-culturel «Kourom-Marché en marche».
Nicole Ricci Minyem