Ce Mardi, Maximilienne Ngo Mbe, Directrice Exécutive de cette ONG a organisé une conférence de presse et voici sa déclaration linéaire.
« Je vous ai conviés ici pour faire deux communications d’une haute importance.
Primo : J’ai le devoir, au nom du REDHAC d’exprimer mon émotion, mon affliction, ma désolation et ma douleur face aux inqualifiables et barbares actes criminels qui se sont déroulés dans la nuit du 07 mars 2020 à Galim et au matin du 08 mars 2020 à la place des fêtes de Bamenda.
A Galim dans le département des Bamboutos, Région de l’Ouest, selon nos sources, une vingtaine d’hommes, présentés comme des séparatistes lourdement armés ont rallié la ville à bord de motocyclettes. Irruption malheureuse aux dégâts très lourds.
Cet assaut qui ciblait la Brigade de Gendarmerie et le Commissariat de Sécurité Publique de Galim a coûté la vie à neuf personnes dont deux gendarmettes âgées de 22 ans et recrutées en 2017: les nommées Nangue Maeva et Boumla Emetda. Toutes les deux ont hélas succombé à de graves blessures, ainsi que deux policiers, l’inspecteur de police de 2e grade Nsangou et le gardien de la paix Djeugap. Les quatre autres victimes sont des civils dont l’un dénommé Serpugo était en garde à vue dans une cellule de la place.
A Bamenda le lendemain, en pleine place des fêtes, pendant que le Gouverneur de la région du Nord-Ouest lisait le discours en prélude du défilé organisé dans le cadre de la Journée Internationale des droits de la Femme, un engin explosif a éclaté en face de la tribune officielle. Cette attaque a fait plusieurs blessés graves.
Les terroristes ont emporté du matériel militaire, à savoir 03 fusils AK 47 et 06 boîtes de chargeurs garnies pour ce qui est de la brigade de gendarmerie et de 03 armes de types FAL (fusil automatique léger) et PM ( pistolet mitrailleur) avec des munitions pour ce qui concerne le commissariat de police de cet arrondissement.
Dans une vidéo, les assaillants brandissent comme autres trophées de guerre une main coupée de l’une de leurs victimes. Ils affirment qu’ils auraient pu les décapiter mais n’ont pas voulu pousser le bouchon aussi loin, comme si de telles images n'étaient pas déjà suffisamment atroces comme cela.
Disons le sans ambages et sans fioritures il s'agit là ni plus ni moins d'une cruauté abjecte et inadmissible que le REDHAC condamne avec fermeté.
Secundo,
Dans sa sortie d'hier à la suite des agressions de Galim et de Bamenda, M. Paul Atanga Nji, le Ministre de l’Administration Territoriale s'est honteusement et malheureusement offert le luxe d'indexer le REDHAC et d’autres organisations non gouvernementales qui selon lui, et parlant du REDHAC auraient perçu plus de cinq milliards de francs CFA pour déstabiliser le régime.
Ce membre du Gouvernement, comme du reste ses autres collègues se trompe de cible en se rendant ainsi coupable de déclarations mensongères, calomnieuses et outrageantes. D'ailleurs Le REDHAC plus serein et plus que jamais droit dans ses bottes n’a rien à craindre. Paul Atanga Nji, ne doit pas oublier qu’il est un justiciable comme du reste nous tous et que le REDHAC se réserve le droit de le traîner en justice en temps opportun pour apporter les preuves de ses calomnies.
Le REDHAC, ne pêche pas en eau trouble. Il fait tout dans la transparence. Nous avons un siège connu de tous, y compris des agents de M. Paul Atanga Nji ; nous avons des comptes bancaires dont les mouvements de fonds sont vérifiables et vérifiés à tout moment par les services compétents. Au lieu que Monsieur le Ministre de l’Administration Territoriale brasse du vent, il devrait plutôt s'évertuer à confondre ses ennemis avec des faits probants et irréfutables afin que nul n'en ignore. Alors qu’il n’est même pas notre Ministre de tutelle, M. Atanga Nji sait pertinemment qu’il a reçu le rapport d’activités et sur les Droits Humains et les droits des défenseurs 2015-2017, le rapport sur la documentation des cas de violations des Droits Humains avant, pendant et après l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.
Les travaux du 10e anniversaire du REDHAC ainsi que les recommandations. Il n’a jamais daigné accuser réception. Je dis avec force qu’il n’est pas de notre rôle d’arrêter cette guerre qui s’avère dévastatrice. Nous sommes là pour indiquer des pistes de solutions et c’est ce à quoi nous nous limitons jusqu’à présent sans chercher à nous substituer au Gouvernement.
Comme je l'ai dit le 18 février 2020, le REDHAC rappelle que les colmatages opérés jusqu’à présent n’apportent rien ou pas grand-chose qui pourrait permettre d'être optimiste pour la résolution des problèmes de notre pays. Plus les jours passent, plus le pays s’enfonce dans une violence horrible. Le respect des droits élémentaires tels que le droit à un procès équitable, les atteintes aux libertés d’associations, de manifestations, d’opinion, d’expression sont bafoués sans vergogne.
En rappelant ceci dans notre propos, nous interpellons le Président Paul Biya, que l’unique voie de succès aujourd’hui est de faire preuve de leadership en:
● Déclarant solennellement et sans délais un cessez-le-feu dans les régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest.
● Libérant purement et simplement Ayuk Tabe, ses compagnons et les 1500 autres qui croupissent encore dans les geôles pour des négociations saines et véritablement inclusives quant aux revendications des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
● Appelant à la mise en place d’une commission mixte (Société Civile, Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés, Centre des Nations Unies pour la Démocratie en Afrique Centrale) pour une enquête indépendante et impartiale sous l’accompagnement des médiateurs régionaux et internationaux sur les crimes graves des Droits Humains du 1er Octobre 2017 qui ont connu un bilan de plus de 100 morts dans les régions du Nord-Ouest et Sud Ouest, tout comme ceux de Pinying à Menka de même que le massacre du 14 février 2020 qui a fait au moins 36 morts à Ngarbuh, dans le département du Ndonga Mantum région du Nord Ouest.
Enfin le REDHAC en appelle à toutes les forces vives de se mettre ensemble pour exiger le plus rapidement possible la mise en place de la Commission Vérité Justice Réconciliation (CVJR) afin d’éviter au Cameroun une guerre civile généralisée et pour une réconciliation véritable et durable entre filles et fils du Cameroun… ».
N.R.M