Quel coût pour cette décision juste sur le plan social ?
La santé publique au Cameroun pèse énormément sur les caisses de l’Etat. Pour cause, des subventions de toutes sortes visant à rendre la santé accessible à tous. A titre d’illustration, le coût d’accès à un médecin dans les hôpitaux publics oscille entre 600 et 2000 francs CFA dans les hôpitaux de district et entre 2000 et 10.000 francs CFA dans les hôpitaux de rang supérieur.
Dans le même temps, en se référant à une décision du mois de janvier 2011 du Syndicat national des médecins privés du Cameroun (SNMPC), en médecine privée, ces mêmes coûts oscillent entre 10.000 et 15.000 francs CFA. S’agissant des accouchements par exemples, en se référant à la même décision, ils valent en médecine privée 75.000 francs CFA pour ceux normaux et environ 140.000 pour des jumeaux. Dans le public, c’est entre 6000 et 20.000 francs CFA, parfois légèrement plus qu’il faut débourser pour s’acquitter de ses frais d’accouchement. Quid des prix des médicaments dans les pharmacies des formations sanitaires publiques ? Pour ceux qui pourraient ne pas le savoir, ils sont les plus bas de tous.
C’est dire l’effort consenti par le gouvernement pour permettre aux populations d’avoir accès aux professionnels et partant avoir des soins de qualité. Malgré ces coûts relativement bas, les hôpitaux publics en particuliers enregistrent au quotidien, de nombreux cas de malades indigents ou se faisant passer comme tel, incapables de payer les prestations qui leur ont été prodiguées. C’est alors qu’apparaissent souvent dans certains médias, des cas de « malades » séquestrés dans les hôpitaux.
Si pour certains cas ces séquestrations sont peu pertinentes au regard de la réelle indigence des patients concernés, dans d’autres…
Dans une lettre adressée le 14 mars 2019 aux responsables des formations sanitaires publiques au Cameroun, Le Ministre de la santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie proscrivait la séquestration des patients indigents dans les formations sanitaires publiques. Une décision juste sur le plan social mais pour quel coût financier ?
Dans sa lettre, le Dr Manaouda Malachie affirme qu’il lui a été donné de constater au cours de ses visites de terrain, que des patients sont retenus pour défaut de paiement total de leurs factures d’hospitalisation et de soins. Il demande par conséquent aux responsables des formations sanitaires publiques de « Bien vouloir, toute affaire cessante, libérer tous les patients qui se trouveraient ainsi retenus dans vos formations sanitaires respectives, en raison de leur insolvabilité, et me rendre compte instamment de vos diligences et des coûts y relatifs ».
S’engageant donc à payer ces frais et la boite de pandore ouverte, le Minsanté enjoint aux responsables des formations sanitaires publiques à conduire, en liaison avec les services compétents, des enquêtes sociales, afin de déterminer le statut d’indigence des patients insolvables. Ici, il faudra miser sur l’intégrité de ces responsables que le Ministre exhorte par ailleurs à lui proposer dans de meilleurs délais, des solutions mieux adaptées et moins dégradantes pour la prise en charge des patients indigents.
De toute évidence, un nouveau vent souffle sur la santé publique au Cameroun.