C’est un avis partagé par la plupart des patients qui ont été hospitalisés dans ce centre hospitalier qui a pourtant bénéficié d’une attention particulière de André Mama Fouda, ancien ministre de la Santé Publique
On dirait que le gros de cette insalubrité se trouve au niveau des toilettes utilisées par les mamans enceintes qui sont là pour un suivi médical ou pour toute autre raison : “ Je n’ai pas le courage de me rendre dans ces toilettes, j’ai peur d’attraper des maladies…”
Le ménage est pourtant fait chaque jour : “Vous parlez de quel ménage, madame ? Ces femmes viennent ici juste pour se faire de l’argent. Regardez autour de vous, les marches qui mènent au deuxième et au troisième niveau. Regarde cette boue qu’on retrouve même dans les chambres, alors qu’il n’a pas plu depuis quelques jours…”, s’exclame une jeune dame venue accompagner sa maman.
Effectivement, alors que la cour avant laisse transparaître un air de propreté, c’est tout le contraire dans les salles d’hospitalisation. Les matelas posés sur des lits en fer ont des trous un peu partout, aucun ne dispose d’une moustiquaire imprégnée alors que sur les murs, on peut lire sur une affiche qu’il est important pour tous, mais plus encore pour les mamans et leurs bébés, d’en avoir.
Sont – elles disponibles? Nul ne saurait répondre par l’affirmative: “ Ehhh maman, je ne sais pas. Ils ont découvert que je souffre d’un fort accès palustre mais personne ne m’a donné la moustiquaire. J’ai déjà fait deux jours ici et, les moustiques peuvent me tuer. Nous sommes obligés de fermer les fenêtres très tôt lorsque nous voulons dormir un peu dans la nuit mais, je puis vous assurer que ça ne change rien… Ces moustiques nous traumatisent et, à l’accueil là bas, on nous a fait comprendre qu’il n’y a pas de moustiquaires”.
Au delà du manque d’hygiène, les patients semblent remettre en question les soins qui leurs sont donnés par le personnel de ce centre hospitalier. L’on nous raconte l’histoire de cette dame qui a failli perdre sa vie et celle de son bébé :
“ Cette maman a perdu les eaux mais, personne n’a fait attention malgré les cris d’alarme de son époux et la mise en garde d’une maman dont la fille était hospitalisée. L’infirmière appelée, une jeune fille qu’on dit à peine sortie de l’école, a fait le doigté mais a dit à la dame de marcher dans la salle pour faciliter le travail, parce que l’enfant était encore loin. Elle nous a dit que c’est ce qu’on leur enseigne à l’école. Malheureusement pour la dame pratiquement étouffée par la douleur, les contractions se sont accélérées et c’est pratiquement à la porte de la salle d’accouchement qu’elle s’est effondrée, la tête de l’enfant était déjà dehors. Madame, je ne peux vous parler du tollé qui a suivi mais, grâce à Dieu, son enfant et elle sont en santé…”.
Ce n’est pas tout: “ Le pire c’est que ces infirmières ont dit au mari de nettoyer toute la saleté faite par son épouse et, je peux vous assurer que je n’ai jamais vu quelqu’un se mettre dans une telle colère. Le type a même dit qu’aujourd’hui, il comprend mieux les hommes en tenue qui dégainent et tirent sur les infirmières. Il aurait fait pareil. Et, alors qu’on leur demandait de rester ici, ils ont préféré s’en aller. Une autre femme qui avait les contractions est partie, en voyant cette scène…”.
Quelles sont les tâches qu’on confie à ces jeunes enfants, à peine sortie de la classe de terminale et qui ont décidé d’embrasser ce noble métier? Ils ont à peine le temps d’acquérir quelques expériences qu’ils sont envoyés dans les hôpitaux et, ce sont les malades qui tiennent lieu de cobayes. Il n’est pas évident pour le personnel médical déjà aguerri de perdre les mamans et les enfants dans les maternités, pour ne citer que cet exemple, à plus forte raison ces jeunes apprenants.
Par ailleurs, qui est chargé de mettre la propreté dans les centres hospitaliers? Certains centres médicaux ressemblent malheureusement à des bouillons de germes, propagateurs de maladies.
Nicole Ricci Minyem