Comme cela est de tradition depuis de nombreuses années, le président français va célébrer la fête de la nativité avec des soldats français déployés à l‘étranger et cette fois, c’est en Côte d’Ivoire, pays avec lequel Paris veut resserrer les liens dans la lutte contre le terrorisme.
Loin des tensions sociales qui agitent la France, le chef de l’Etat respectera une coutume désormais bien ancrée: il partagera le dîner de Noël, préparé par le chef de l’Elysée, Guillaume Gomez, avec un millier de militaires sur la base militaire de Port-Bouët, près de l’aéroport d’Abidjan, où il doit atterrir vendredi en fin d’après-midi.
Après le Niger en 2017 et le Tchad en 2018, il rend visite aux Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI), le deuxième contingent de troupes repositionnées en Afrique après celui de Djibouti. Ces forces servent actuellement d’appui aux troupes luttant contre les groupes jihadistes au Sahel. Macron s’entretiendra avec des militaires ayant participé à l’opération dans laquelle sont morts 13 soldats en novembre au Mali.
La situation au Sahel, qui inquiète fortement à Paris, sera l’un des fils rouges de ce déplacement : M. Macron fera une courte étape dimanche au Niger, pour en parler avec le président Mahamadou Issoufou, avant le sommet prévu en France le 13 janvier avec les dirigeants de cinq pays sahéliens.
Samedi à Abidjan, Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara vont relancer le chantier en panne, de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme.
Côté ivoirien, on salue « l’implication forte de la France pour aider les pays africains à faire face au terrorisme », a déclaré à l’AFP, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Sidi Touré.
Le pays demeure sous la menace jihadiste, trois ans après l’attaque qui avait fait 19 morts dans la station balnéaire de Grand-Bassam : « La Côte d’Ivoire est un partenaire fondamental de la France en Afrique, car aujourd’hui, l‘équilibre de l‘économie sahélienne et des mouvements de population (en Afrique de l’Ouest) repose très largement sur la stabilité politique et économique de ce pays… », », affirme l’Elysée.
La visite de M. Macron intervient dans un contexte politique tendu en Côte d’Ivoire, à dix mois de la prochaine présidentielle, et près de dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts.
Le pays a longtemps été le meilleur allié de la France en Afrique, pendant le règne (1960-1993) de Félix Houphouët-Boigny, le père de l’indépendance. Mais les relations entre Paris et son ex-colonie sont devenues orageuses sous la présidence de Laurent Gbagbo (2000-2011) – marquée par l‘éclatement d’une rébellion et une intervention militaire française – avec le développement d’un sentiment antifrançais au sein d’une partie de la population.
Pour soigner ces blessures, MM. Ouattara et Macron présideront dimanche, une cérémonie en hommage aux neuf soldats français tués en 2004 à Bouaké, la deuxième ville du pays.
Ayant fait de la jeunesse et du sport des priorités de cette diplomatie, il se rendra à Koumassi, une commune populaire d’Abidjan, pour inaugurer des infrastructures sportives, en compagnie du footballeur Didier Drogba, idole de l’Olympique de Marseille et de Chelsea.
La jeunesse sera aussi au rendez-vous d’un débat avec 300 étudiants dans le domaine de la santé, pour évoquer la lutte contre le sida et les pandémies.
Deux ans après une première visite à Abidjan au cours de laquelle il avait posé la première pierre du métro, le président français et son homologue ivoirien finaliseront le financement de cet énorme chantier de 1,5 milliard d’euros qui doit débuter en 2020.
Une douzaine d’autres accords devraient être discutés pour renforcer le partenariat économique avec la Côte d’Ivoire, où vivent quelque 22.000 Français, dont la moitié de binationaux, selon l’Elysée.
Au cours des discussions, le président ivoirien pourrait soulever la question d’une réforme du franc CFA, demandée par de nombreux économistes africains, et à laquelle le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui sera présent à Abidjan, s’est dit ouvert.
Parallèlement, les pays d’Afrique de l’Ouest seront en sommet samedi au Nigeria pour réfléchir à une monnaie commune sur le modèle de l’euro, déjà actée sur le principe.
N.R.M