Dans une interview accordée à Cameroon Tribune, le préfet du département du Wouri, Joseph Bertrand Mache Njouonwet, dresse l’état des lieux du désordre urbain dans la capitale économique. Pour lui, l’impulsion dans la lutte contre le désordre urbain doit venir dans communes d’arrondissement.
Malgré les actions menées jusqu’à présent, le désordre urbain persiste…?
La lutte contre le désordre urbain est une activité permanente dans une ville. Je l’ai souvent réaffirmé, c’est la responsabilité première des municipalités. Les visages du désordre urbain à Douala, c’est sur la voie publique, les trottoirs, les équipements marchands qui débordent leur périmètre d’opération. Ce sont les conducteurs de motos qui ne respectent pas la signalisation tant verticale qu’horizontale, les citoyens qui ne respectent pas les lieux de dépôt d’ordures ménagères, etc. Evidemment, la lutte est plurielle dans ce sens qu’elle dépend en premier de nous-mêmes les citoyens.
En guise d’exemple, les magistrats municipaux qui l’ont compris ont commencé à vulgariser les comités d’hygiène dans les quartiers, pour parler de la partie hygiène et salubrité. Et les acteurs de la mobilité, à l’instar des motos-taxis, sont organisés de manière à ce qu’un minimum d’ordre règne de leur côté.
De manière plus systématique, chaque commune est une structure de lutte à la base, organisée autour du maire et supervisée par le sous-préfet avec l’accompagnement des forces l’ordre pour pouvoir régler un certain nombre de questions en liaison avec le respect de la voie publique et le respect de la circulation sur la voie publique, sur les accotements, le respect des points de collecte des ordures ménagères etc. L’impulsion à cette activité est la mise en place des comités d’hygiène dans les quartiers qui se vulgarisent de plus en plus.
Pouvons-nous avoir une illustration ?
Une commune comme celle de Douala 2e est avant-gardiste sur la cause, puisqu’avec l’émulation du concours du quartier le plus propre, progressivement les choses changent. On a aussi le maire de Douala 5e qui a emboîté le pas, non sans citer les autres, qui commencent à faire des efforts.
Quant à la Communauté urbaine de Douala (Cud), avec la densification progressive de la police municipale qui travaille en éclaireur pour faciliter le merveilleux travail de nos forces de l’ordre (police et gendarmerie), je dois pouvoir dire qu’elle (la Cud) a une action de plus en plus lisible. Ceci à travers le contrôle des implantations anarchiques qui sont aussi un visage du désordre urbain. Raison pour laquelle le traitement des dossiers en vue de l’obtention d’un permis de construire doit être fluide.
Mais comment réduire le phénomène à sa plus simple expression ?
Il faut une action sur les populations. Dans cet ordre d’idées, les sous-préfets ont instruction permanente d’impulser les chefs de quartiers et de blocs. Vous savez qu’au-delà des grands cantons connus, Douala est subdivisé en quartiers et en blocs, avec des responsables dont la mission première est d’encadrer les populations dans le sens d’un retour à la discipline. La lutte contre le désordre urbain est un combat communautaire, une lutte d’ensemble.
Nous sommes tous les acteurs de la lutte et lorsque nous aurons compris, nous populations de la cité économique, que notre liberté s’arrête là où celle de l’autre commence, nous y arriverons. L’émulation qui vient des communes qui donnent le ton va certainement embraser le reste de la ville et on y arrivera. A force de sensibilisation, il y aura un jour retour à l’ordre. Mais avant, nous seront obligés d’utiliser la méthode forte quand c’est nécessaire.
Otric N.