Les deux artistes et le patron du groupe Balafon se sont retrouvés ce dimanche autour d’un bon plat de taro. Ils ont tenu à immortaliser cette séance de bizutage en règle des deux artistes qui désormais peuvent arborer fièrement leur qualité de « tarocrates » confirmés.
Bras de chemise retroussés, le coude gauche bien en appui sur la table, le PDG du groupe Balafon donne la cadence. C’est de notoriété, Cyrille Bojiko est un « tarocrate assermenté ». Il ne s’en cache plus. A chaque fois que l’occasion se présente, le digne fils des Bamboutos se donne à cœur joie à l’exercice des deux doigts dans la sauce jaune. A ses côtés, le jeune Aveiro Djess qui suit l’exemple du maître du jour. Il a pris de l’avance en venant à la table ronde avec une tenue aux manches déjà raccourcies. Lui aussi, le coude gauche en appui sur la table, il a les doigts trempés dans le plat de sauce manifestement bien « obstaclés ». Mais on peut bien percevoir que le chantre du « Nyama » n’a pas fini de prendre les cours pour cette autre « nyama ». C’est quelque chose que de « falla le nyama », mais il faudrait encore savoir « tchop la nyama ». Et pour cette « nyama » Aveiro Djess doit plutôt suivre le rythme et la musique du Big Boss Cyrille Bojiko.
Le troisième aspirant « tarocrate » n’est nul autre que le patriarche Sawa, Ekambi Brillant. Toujours tiré à quatre épingles, même l’occasion de cette belle table bien garnie ne lui a pas donné de « baisser la garde ». Mais il a été obligé de sacrifier au rituel des manches raccourcies. Ça c’est inévitable, même pour le grand Ekambi Brillant. Pas question d’utiliser autres couverts que ses propres doigts, et même Mot’a Muenya n’y échappera pas. C’est dans la joie et la bonne ambiance que les trois et d’autres qui les accompagnaient vont passer par toutes les étapes de l’initiation à la « tarocratie ».
De plus en plus au Cameroun on est d’accord que la couleur jaune de la dernière bande du drapeau national aurait peut-être été inspirée par la couleur de la sauce jaune. Cette sauce qui compose le plat de « taro ». C’est évident que depuis quelques mois, la popularisation de cette recette culinaire camerounaise fédère et rassemble. De tous les coins du pays, de toutes les tribus, et de tous les peuples, on s’exerce à la consommation dans les règles du « taro ». Comme on peut le voir sur cette image, l’Ouest, le Centre et le Littoral sont unis autour de ce nouvel emblème national, le plat de « taro ».
Stéphane NZESSEU