La tension sino-américaine, déjà alimentée par la guerre commerciale et les accusations mutuelles sur l’origine du Covid-19, est montée d’un cran ces dernières semaines
Ce Lundi, selon nos confrères de 24 Minutes « La Chine s’est emparé du consulat des Etats – Unis à Chengdu, après avoir ordonné sa fermeture, une réponse du gouvernement communiste à la fermeture de son consulat à Houston… ».
Une étape a-t-elle été franchie dans l’escalade de tensions ?
Mike Pompeo a justifié la fermeture du consulat chinois à Houston, dans le Texas, en dénonçant jeudi une « plaque tournante de l’espionnage et du vol de propriété intellectuelle ». Le secrétaire d’Etat américain a également appelé « le monde libre » à « triompher » de la « nouvelle tyrannie » incarnée selon lui par la Chine communiste. En représailles, Pékin a accusé certains employés américains du consulat de Chengdu de « mettre en danger la sécurité et les intérêts chinois ».
« Fermer un consulat est un geste diplomatique relativement fort, au-dessus de l’expulsion de diplomates. On est montés encore d’un cran dans les tensions entre les deux pays, même s’il n’y a pas de conséquences directes, on reste surtout dans la symbolique », relativise Jean-Vincent Brisset, directeur de recherches à l’Iris. La réaction chinoise semble relativement mesurée.
Outre leur ambassade à Pékin, les Etats-Unis comptent toujours quatre consulats en Chine continentale (Canton, Shanghai, Shenyang, Wuhan) ainsi qu’un à Hong Kong. Une fermeture diplomatique sur ce territoire autonome, demandé par certains nationalistes chinois, aurait alimenté bien davantage l’escalade de tensions.
Comment expliquer ces tensions ?
Ces actions diplomatiques interviennent dans un contexte déjà délicat. Les relations entre les deux géants sont régulièrement affectées par les différends commerciaux ou les tensions militaires en mer de Chine méridionale. Mais le ton est monté d’un cran ces derniers mois avec les accusations mutuelles sur l’origine du Covid -19 et la mise en place par Pékin d’une loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong.
Les deux Etats ont pris en outre des sanctions réciproques au sujet du Xinjiang, les Etats-Unis accusant Pékin de violer les droits des musulmans ouïghours dans cette région du nord – ouest de la Chine.
« En réalité, Donald Trump et Xi Jinping veulent montrer à leur propre population qu’ils sont forts car les deux dirigeants sont en difficulté, c’est une vieille astuce politique », assure Jean-Vincent Brisset. « Le président américain, très critiqué sur sa gestion de la crise épidémique, est en campagne pour sa réélection.
Mais le dirigeant chinois connaît lui aussi des problèmes d’opposition, comme l’illustre le maintien de sa grande campagne anti - corruption lancée il y a cinq ans pour éliminer ses ennemis et qui est toujours active », ajoute le spécialiste.
Jusqu’où peuvent aller les tensions ?
Pour le chercheur, ces tensions entre les deux géants sont inhérentes à leur statut. C’est le vieux concept de piège de Thucydide : la rivalité entre une puissance émergente qui rêve d’hégémonie et une puissance dominante qui entend bien le rester. « La concurrence entre les deux premiers de la classe a toujours existé, et les deux pays ont besoin de cette rivalité pour faire la course en tête », développe Jean-Vincent Brisset.
N.R.M