Selon l’institution de Bretton Woods, l’absence de normes en ce qui concerne l’attribution des primes destinées à les compléter rend la structure des rémunérations au Cameroun extrêmement complexe.
«En 2016, la masse salariale de la Fonction publique au Cameroun représentait 25 % du total des dépenses publiques. Restée stable, au cours des 10 dernières années, elle est faible, en moyenne de 5 à 5,5 % du PIB, bien en dessous de celle de 10 % du PIB enregistrée par la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne et des autres régions», écrit la Banque mondiale (BM) dans un rapport publié en novembre 2018 et intitulé: «publiques: aligner les dépenses publiques aux objectifs de la vision 2035».
A en croire la BM, se référant à la dernière grille des salaires adoptée le 1er juillet 2014, le salaire de base mensuel le plus élevé (correspondant au grade A2) est de 326 000 FCFA, tandis que le plus bas est de 43 000 FCFA, ce qui est peu par rapport à ceux de leurs homologues dans les autres pays d’Afrique subsaharienne.
Par exemple, le salaire mensuel le plus élevé et le plus bas dans la Fonction publique en Zambie est respectivement l’équivalent de 2 446 824 FCFA et de 171 198 FCFA, et au Rwanda de 1 251 281 FCFA (poste permanent de secrétaire) et 168 923 FCFA (secrétaire) respectivement.
Aussi, la BM fait savoir que le gouvernement camerounais complète les faibles salaires de la Fonction publique par un grand nombre d’allocations et de primes telles que des primes spécifiques et spéciales, des allocations techniques, des primes de performance, de pénibilité, de risque, etc.
A cet effet, les postes de direction (grades A1 et A2) et d’autres catégories de professions particulières perçoivent des allocations supplémentaires, par exemple des allocations techniques et d’autres indemnités pour service spécial, entretien des véhicules, eau, électricité et téléphone.
Par ailleurs, la BM relève que le gouvernement camerounais a aussi mis en place un système d’indemnités journalières pour compléter le salaire officiel des fonctionnaires qui participent à des comités, des commissions ou des réunions spéciales. Cette mesure a entraîné de larges distorsions dans le système de rémunération de la Fonction publique.
Cette pratique, devenue au fil du temps une importante source de revenus pour certaines catégories de fonctionnaires, leur offre entre 51 000 FCFA et 204 755 FCFA par session, soit près de 70 à 100 % de leur salaire de base mensuel.
En outre, la pratique des indemnités journalières a donné lieu à une prolifération de comités et de réunions, à des retards dans les processus administratifs et les prises de décision, et a causé une congestion et un double-emploi des institutions publiques dont les mandats se chevauchent. «Cette pratique a également aggravé les inégalités du système de rémunération du fait que toutes les catégories d’agents de la Fonction publique n’y ont pas accès. Enfin, en sus des indemnités journalières, les fonctionnaires occupant des postes de direction reçoivent, à l’occasion de voyages nationaux et internationaux, des bons de carburant et des indemnités journalières de subsistance qui représentent entre 10 et 25 % du budget public de biens et services», dénonce la BM.
Otric N.