L'indication est du Ministre camerounais des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, le 16 mai 2022 à Libreville, la capitale gabonaise, à l’occasion du lancement du road-show de l’emprunt obligataire de l’État du Cameroun, qui vise à lever 200 milliards de FCFA sur le marché financier sous-régional.
Au cours de cette rencontre, Minfi a été plus que clair. « Nous sommes demandeurs de beaucoup d’argent ». Louis Paul Motaze répondait ainsi à la question de savoir si le gouvernement camerounais est disposé à demander une surallocation des ressources auprès du régulateur, au cas où les souscriptions de l’emprunt obligataire en cours dépasseraient les 200 milliards de FCFA sollicités.
Louis Paul Motaze déclarait en effet, « Si je suis devant vous, c’est parce que j’en veux un peu plus. Les besoins sont énormes (…) Nous préparons en ce moment une loi de finances rectificative, à cause de l’impact considérable de la crise ukrainienne (…). Au Cameroun, avec la hausse des prix du pétrole, nous enregistrons un manque-à-gagner de plus de 600 milliards de FCFA parce que nous continuons de subventionner la consommation des produits pétroliers à la pompe, pour éviter une augmentation des prix. Si nous obtenons 600 milliards de FCFA, cela nous permet déjà de payer ces manque-à-gagner ».
De sources crédibles, le chiffre de 300 milliards de FCFA a circulé dans les coulisses du road-show, comme seuil à franchir par le consortium d’arrangeurs pour prétendre avoir accompli sa mission. Il convient de rappeler que, dans le cadre de cette opération, les arrangeurs ont déjà garanti à l’État du Cameroun une prise ferme de 180,5 milliards de FCFA. Leur ambition est désormais d’aller bien au-delà des 19,5 milliards de FCFA restants, en boostant les souscriptions, apprend-on.
L’appel de fonds lancé le 16 mai 2022 à Libreville par le ministre camerounais des Finances permet ainsi d'avoir quelques pistes sur le contenu de la loi de finances rectificative en cours de finalisation. Au regard des nombreux besoins de financements évoqués par le Minfi, le collectif budgétaire en cours de finalisation devrait logiquement connaître une hausse du seuil d’endettement autorisé. Le volume de titres publics à émettre en 2022 devrait désormais dépasser les 350 milliards de FCFA initialement prévus.
Par voie de conséquence, l’enveloppe budgétaire initiale (5 599,7 milliards de FCFA) devrait davantage s’épaissir. Ceci, compte tenu non seulement de la hausse envisagée du seuil d’endettement, mais surtout de l’augmentation imprévue des dépenses des personnels de l’État au titre de l’année 2022.
Innocent D H