De nouveaux combats opposant des séparatistes anglophones à l’armée ont éclaté lundi 24 décembre dans deux localités de la région anglophone du Nord-Ouest au Cameroun, rapporte l’AFP qui cite un témoin et une source sécuritaire.
«Il y a eu d’intenses combats ce matin entre Amba boys (combattants séparatiste) et militaires ici à Ndop et à Bamali», deux localités voisines du Nord-Ouest, a rapporté à l’AFP un témoin joint depuis Yaoundé. L’information a été confirmée par une source proche des services de sécurité. Aucun bilan de ces combats n‘était cependant disponible dans l’immédiat, apprend-on.
«Nous avons assisté à des tirs nourris pendant plus d’une heure, là, nous sommes enfermés à la maison, car on a peur de sortir», a expliqué le témoin. Selon lui, un hélicoptère de l’armée a atterri à Ndop avant de redécoller peu après lorsque les tirs ont cessé. D’après lui, cet hélicoptère serait venu évacuer d’ «éventuelles victimes».
La zone de Ndop a été ces derniers jours le théâtre d’une série d’accrochages entre séparatistes et soldats de l’armée camerounaise. Au moins six personnes, dont des civils, y auraient été tuées en moins d’une semaine, selon la source proche des services de sécurité. Dans le Nord-Ouest, le couvre-feu en vigueur depuis plusieurs semaines a été suspendu jusqu’au 3 janvier à l’occasion des fêtes de fin d’année.
Depuis plus d’un an, des séparatistes ont pris les armes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest anglophones du Cameroun pour en finir avec ce qu’ils estiment être «la marginalisation» de la minorité anglophone du pays. Des affrontements entre soldats déployés en nombre et ces séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s’y produisent depuis très régulièrement.
Plus de 200 membres des forces de défense et de sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit ainsi que plus de 500 civils, selon le groupe d’analyse International Crisis Group. Ce conflit, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur, a déjà forcé plus de 437.000 personnes à fuir leur domicile dans ces régions, selon l’ONU.
Dans un souci d’apaisement, le président camerounais Paul Biya a décidé il y a plus de dix jours d’arrêter les poursuites engagées contre 289 détenus de la crise anglophone, mais pour de nombreux observateurs cette mesure ne suffira pas à mettre fin au conflit.
Le Président de la République, à l’occasion de son investiture le 6 novembre 2018, lançait un appel aux groupes armés séparatistes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. «Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle particulièrement aux jeunes qui se sont laissé entraîner dans une aventure sans lendemain», avait déclaré le locataire du palais d’Etoudi.
Le 30 novembre 2018, Paul Biya a créé le Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
L’organe placé sous l’autorité du Premier Ministre et dirigé par un Coordonnateur vise à offrir un cadre d’accueil et de réinsertion sociale aux repentis du Boko Haram et aux membres des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest désireux de répondre à l’offre de paix formulée par monsieur le Président de la République dans son discours d’investiture du 6 novembre 2018 , en déposant volontairement les armes.
Le Comité dispose de centres régionaux à Bamenda, Buea et Mora, dans lesquels se dérouleront les opérations de désarmement, de démobilisation et de préparation à la réintégration. Ce comité intervient après le lancement du Plan d’assistance humanitaire d’urgence et la mise en place du Centre de coordination de l’assistance humanitaire dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest
Otric N.